SOURCE - Abbé Benoît Wailliez, fsspx - Supérieur du District de Belgique et des Pays-Bas - Pour qu'Il règne - décembre 2013
Dans la Constitution Auctorem fidei (1794), le pape Pie VI a condamné les erreurs jansénistes du Synode de Pistoie. Deux des propositions condamnées sont d'un intérêt particulier pour nous, aujourd'hui.
« Après la consécration le Christ est vraiment, réellement et substantiellement sous les espèces ; alors toute substance du pain et du vin cesse, et seules demeurent les espèces. [Cette proposition] omet totalement de faire mention de la transsubstantiation (…). Cette omission inconsidérée et très suspecte (…) est pernicieuse, elle déroge à l'exposition de la vérité catholique touchant le dogme de la transsubstantiation, et favorise les hérétiques » (DS 2629).
Comparons maintenant la définition de la nouvelle messe donnée dans l'Institutio Generalis Missalis Romani de 1969, et voyons laquelle des deux est la plus catholique !
« La Cène du Seigneur ou messe est la synaxe sacrée ou congrégation du peuple rassemblé dans l'unité, sous la présidence du prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur » (Chapitre II, n°27).
Dès 1965, le père Bugnini donnait la clef d'interprétation de la révolution liturgique en cours : « l'Eglise a été guidée par l'amour des âmes et le désir de tout faire pour faciliter à nos frères séparés le chemin de l'union, en écartant toute pierre qui pourrait constituer ne serait-ce que l'ombre d'un risque d'achoppement ou de déplaisir » (Osservatore Romano, 19 mars 1965).
« L'intention de Paul VI — déclarait Jean Guitton, le 19 décembre 1993 — (…) était de réformer la liturgie catholique de façon à ce qu'elle coïncide à peu de choses près avec la liturgie protestante, avec la Cène protestante. (…) Je répète que Paul VI a fait tout ce qui était en son pouvoir pour rapprocher la messe catholique — en ignorant le concile de Trente — de la Cène protestante. (…) En d'autres termes, il y a en Paul VI une intention oecuménique d'effacer — ou au moins de corriger, d'atténuer — ce qu'il y a de trop catholique, dans le sens traditionnel, dans la messe, et de rapprocher la messe catholique, je le répète, de la messe calviniste ».
« [Le synode de Pistoie souhaite dans la liturgie] une plus grande simplicité des rites, en la célébrant en langue vulgaire et en la proférant à haute voix. [Cette proposition] est téméraire, off ensante pour les oreilles pies, outrageante pour l'Eglise, et favorise les reproches des hérétiques à son sujet » (DS 2633).
Ce voeu des jansénistes – condamné par l'Eglise – correspond à s'y méprendre à la description de la nouvelle messe, chère au coeur du pape régnant. Celui-ci parle avec dédain de la messe de toujours comme du « vetus ordo » et, lorsqu'il la tolère, aspire à ce que, « en célébrant les mystères sacrés selon la forme extraordinaire du rite romain (…), [les prêtres] contribuent, dans la fidélité à la tradition vivante de l'Eglise, à une meilleure compréhension et mise en oeuvre du concile Vatican II » (Lettre du Pape François à la Fraternité Saint-Pierre, à l'occasion de son Jubilé d'argent).
Quant à nous, fidèles à la ligne tracée par notre vénéré fondateur Mgr Marcel Lefebvre, nous restons fermement attachés à la messe traditionnelle qui a fait les saints, et rejetons fermement la nouvelle qui est gravement dangereuse pour la foi.
C'est ce que ce numéro de la revue entend expliquer.
Abbé Benoît Wailliez
Source : Pour qu'Il règne n° 114 de décembre 2013