Nous avions précédemment exposé la fausse idée se répandant
parmi quelques esprits, laquelle estime que les autorités ecclésiastiques
seraient les membres d’une nouvelle Église dite conciliaire et non ceux de
l’Église catholique. Il faudrait également évoquer une pensée tout aussi
dangereuse qui, sans pour autant embrasser le sédévacantisme, consiste de
manière désabusée à refuser tout contact avec les autorités de l’Église. Loin
de sombrer dans la peur, mais toujours animé par l’esprit d’apostolat qui fait
le missionnaire, Mgr Lefebvre, à l’occasion d’un sermon qu’il dispense à Lyon à
l’été 1982, exhorte au contraire les fidèles à ne jamais abandonner les
autorités, pas même les évêques. Tout mauvais pasteurs qu’ils peuvent être, ils
demeurent ceux que Dieu a confiés à l’Église catholique et romaine. Ce sont
pourtant ceux qui ont poussé à la condamnation de la Fraternité. Le désespoir
ou l’animosité ne sont pas pour autant des réponses valables pour un
catholique :
« Nous sommes persuadés qu’un jour viendra (quand ? Dieu seul le sait) où l’Église nous encouragera et nous félicitera d’avoir maintenu cette Tradition. C’est pour cela que je me rends à Rome mardi. Après de nombreuses et nombreuses démarches, celle-ci aboutira-t-elle plus que les autres ? Je n’en sais rien. Mais je le fais par devoir de conscience pour que lorsque le Bon Dieu me rappellera, il ne puisse pas me dire n’avoir rien fait pour rétablir la Tradition. J’aurai tout fait pour la rétablir. Si le Bon Dieu veut que nous soyons encore d’une certaine manière abandonnés par ceux qui devraient être nos pères, eh bien, ce sera la grande épreuve de l’Église… Mais nous n’avons pas le droit de nous décourager et de dire : « puisqu’il n’y a pas moyen d’être entendus, abandonnons les évêques, il n’y a plus d’Église, c’est fini. » Non l’Église est toujours debout et si ceux qui sont chargés de la conduire ne font pas leur devoir, ce sont de mauvais pasteurs, ce n’est pas pour cela que nous devons les abandonner. Nous devons avoir confiance dans la Providence. Le Bon Dieu soutient Son Église, nous n’avons pas le droit d’abandonner cette Église catholique et romaine. En faisant tout ce qui est notre devoir, demeurons dans la paix. »
Mgr Marcel Lefebvre, chapelle Saint-Irénée à Lyon, sermon du 18 juillet 1982