SOURCE - Romano Libero - Golias - 8 janvier 2009
Manœuvres et nouvelles nominations en perspective
Vatican : l’OPA des tradis sur la curie
Romano Libero
Ce serait mal connaître Joseph Ratzinger que de croire qu’il gouverne l’Eglise en navigant à vue. Au contraire, il entend déployer une très belle cohérence dans sa stratégie de restauration au sceau de l’intransigeance. Mais, plus que certains ne l’auraient voulu, Benoît XVI a pris son temps s’accordant au début de son pontificat un temps de répit et d’observation. Mais tout vient à point pour qui sait attendre.
Vatican : l’OPA des tradis sur la curie
Romano Libero
Ce serait mal connaître Joseph Ratzinger que de croire qu’il gouverne l’Eglise en navigant à vue. Au contraire, il entend déployer une très belle cohérence dans sa stratégie de restauration au sceau de l’intransigeance. Mais, plus que certains ne l’auraient voulu, Benoît XVI a pris son temps s’accordant au début de son pontificat un temps de répit et d’observation. Mais tout vient à point pour qui sait attendre.
L’un des tournants les plus marquants demeure, le retour même partiel et sur le mode mineur de l’ancienne liturgie au travers d’un motu proprio de juillet 2007 qui fit couler beaucoup d’autres et en fera couler encore. En juin 2008, le Pape lance un mouvement de réhabilitation de la communion sur les lèvres et à genoux évoquant l’urgente nécessité de "donner à nouveau l’hostie aux fidèles directement dans la bouche ». Sur le fond, peu à peu, dans un style clair et parfois brillant, il formule une vision conservatrice du catholicisme. Récemment, il a relativisé le progrès de l’exégèse historico-critique pour en souligner les limites au profit d’une lecture traditionnelle de la Bible.
La volonté persévérante (bien que patiente) du Pape d’imposer à l’Eglise, comme il le peut, sa ligne rétrograde et intransigeante, sans doute hautement nuisible à notre avis, passe aussi par les nominations d’hommes de sa ligne aux responsabilités importantes et dans la mesure à la tête des diocèses de par le monde.
En France, il suffit de se rendre sur le site « cef » de la conférence des évêques pour remarquer combien les évêques sont désormais d’un autre style, plus conservateur, avec des variantes sans doute mais dans une même ligne intransigeant pour l’essentiel. Des évêques de la nouvelle génération comme NN SS Nicolas Brouwet (auxiliaire Nanterre), Raymond Centène (Vannes) ou très récemment Jean-Pierre Batut (auxiliaire de Lyon) ont la réputation d’être de chauds défenseurs du motu proprio. Quant au nouvel évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, il a été vicaire général de Toulon et appartient à la communauté Saint-Martin. Il porte la soutane et s’inscrit dans une ligne ultra-conservatrice très dure.
A la Curie, la toute récente nomination du cardinal Antonio Canizarès Llovera comme préfet de la congrégation pour la liturgie va dans le même sens. Âgé de 63 ans, l’actuel archevêque de Tolède, n’est certes pas un liturgiste mais un pasteur aux idées tranchées, dans le sens strictement conservateur. En Espagne, son intransigeance dans les questions doctrinales le faisait surnommer le « petit Ratzinger » et en 2005 il fut un temps cité comme possible préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. D’une certaine façon, Zapateroii en Espagne serra un temps soulagé du départ de ce cardinal qui ne rate aucune occasion pour dénoncer en termes très violents et très durs la politique de l’actuel gouvernement socialiste. Mais le répit de Zapatero pourrait être de courte durée, l’Eglise saisissant en outre le contexte de l’actuelle crise économique - qui pourrait discréditer le gouvernement socialiste - pour lancer une offensive plus forte encore. On parle justement pour la succession de Mgr Canizarès de deux prélats espagnols très radicaux dans l’intransigeance : Mgr Demetrio Fernandez, 58 ans, évêque de Tarazona (très proche de Canizarès à qui il doit sa mitre) et Mgr Vicente Juan Segura, 53 ans, évêque d’Ibiza (proche du cardinal de Valence et des milieux réactionnairss de la Curie). Mais d’autres noms restent envisageables, tous d’évêques très conservateurs et anti-Zapatero.
A Rome, manoeuvres et rumeurs quant aux futures nominations ne cessent de se multiplier depuis quelques jours. Plusieurs chefs de dicastère ont franchi la barre des 75 ans et attendent la désignation de leur remplaçant : le cardinal Renato Raffaele Martino (Justice et Paix), le cardinal Walter Kasper (unité des chrétiens), le cardinal Javier LOzano Barragan (pastorale de la santé), le cardinal Francis Stafford (pénitencerie apostolique). Mais dès le 30 janvier 2009 un cardinal qui n’est pas des moindres, l’influentissime Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation des évêques devrait lui aussi se retirer (le jour même de ses 75 ans). On sait qu’il freine actuellement la politique de nomination ultra-conservatrice de Benoît XVI lequel ne souhaiterait donc pas le prolonger encore longtemps dans sa charge.
L’année prochaine, les cardinaux Claudio Hummes (transitoire préfet brésilien du clergé, qui a irrité Benoît XVI pour son soutien pourtant prudent à l’idée d’un clergé marié) et Franc Rodé (préfet slovène des religieux dont le caractère cassant exaspère de plus en plus de monde) quitteront sans doute également leur charge. On cite également comme sur le départ le cardinal William Levada, 72 ans, préfet de la congrégation de la doctrine de la foi, à la fois pour de réelles raisons de santé et parce qu’il a déçu Benoît XVI.
A l’évidence cette prochaine vague de nominations devrait être décisive pour consolider le front ultra-conservateur de la Curie. Me départ de prélats comme Hummes, Kasper et Re, qui tentent d’infléchir dans un sens plus modéré les choix du Pape actuel, pourrait s’accompagner d’un tournant encore plus réactionnaire avec la désignation à leur place de Ratzingériens purs et durs, comme l’est d’ailleurs Canizarès. Il faut d’ailleurs savoir que l’un des noms cités pour la congrégation des évêques est l’ultraconservateur cardinal George Pell de Sidney. Plus qu’un symbole.
Les conservateurs de la curie attendent avec impatience le départ à la retraite des cardinaux de Westminster, Cormac Murphy O’Connor et de Bruxelles, Godfreed Danneels, lesquels incarnent, même si c’est de façon moins nette que Carlo Maria Martini, une ligne alternative par rapport à celle du pontificat actuel. Le cardinal anglais devrait s’en aller dans les premiers mois 2009. Il semble exclu que soit désigné pour le remplacer un « libéral » comme l’ancien maître général de dominicains, Timothy Radcliffe, 63 ans, l’évêque de Nottingham Malcolm McMahon, 59 ans, dominicain lui aussi, et qui est favorable à un clergé catholique marié, ou encore l’archevêque Michael Fitzgerald, père blanc de 71 ans, actuel Nonce en Egypte et très engagé dans le dialogue interreligieux. On cite plutôt des conservateurs modérés comme Mgr Vincent Nichols, 63 ans, archevêque de Birmingham ou Mgr Peter Smith, 65 ans, archevêque de Cardiff, mais il n’est pas exclu que Rome choisisse en définitive un outsider, peut-être même un simple prêtre en qui le Pape actuel ait véritablement confiance. On se souvient qu’en 1976 PAul VI désigna pour la charge un abbé bénédictin de 53 ans George Basil Hume, de fait une très grande figure de l’Eglise. A Bruxelles, le Vatican semble avoir renoncé à imposer l’évêquye ultra-consrvateur et caractériel de Namur, Mgr André Mutien Léonard, 68 ans, par crainte d’un tollé. Mais le Pape s’oppose toujours à la désignation d’un libéral comme Josef de Kesel, 61 ans, auxiliaire et dauphin de Danneels. L’une des possibilités serait la désignation de l’évêque de Tournai, Mgr Guy Harpigny, 60 ans, très conservateur ou celle, plus habile et consensuelle, du tout nouvel évêque d’Anvers Mgr Johan Bonny, 53 ans, conservateur « diplomate » qui éviterait le choc et la fracture. Il resterait seulement deux ou trois ans à Anvers avant de devenir primat de Belgique : ce qui fit justement il y a une trentaine d’années le jeune et prometteur Godfreed Danneels, à Anvers de 1977 à 1979 avant de remplacer le cardinal Suenens.
Plusieurs Nonces en vue espèrent une responsabilité de chef de dicastère comme les italiens Fortunato Baldelli, 73 ans (France), Pietro Sambi 70 ans (Etats Unis), Lorenzo Baldisseri 68 ans (Brésil), Adriano Bernardini, 66 ans (Argentine), Luigi Ventura, 64 ans (CAnada) et Celestino Migliore, 56 ans (ONU cité pour Justice et Paix), le suisse Jean-Claude Périsset, 69 ans, (Allemagne, cité pour l’unité des chrétiens) ou le portugais Manuel Monteiro de Castro, 70 ans (Espagne, cité pour la pénitencerie apostolique) mais ils sont trop nombreux pour devenir tous cardinaux et l’un ou l’autre passera à la trappe. A Rome on parle d’une possible promotion cardinalice de Mgr James Harvey, 59 ans, préfet de la maison pontificale et de Mgr Brian Farrell, 64 ans, évêque de Curie qui est issu des ...légionnaires du Christ !
En tout cas, le Pape ne laissera plus passer aucune nomination qui ne lui convienne pas. Il entend tout verrouiller y compris en plaçant aux postes clés des hommes qui le suivent dans son choix intransigeant. Quant à un futur plus lointain, on sait que les serviteurs de l’Eglise sont parfois versatiles !
La volonté persévérante (bien que patiente) du Pape d’imposer à l’Eglise, comme il le peut, sa ligne rétrograde et intransigeante, sans doute hautement nuisible à notre avis, passe aussi par les nominations d’hommes de sa ligne aux responsabilités importantes et dans la mesure à la tête des diocèses de par le monde.
En France, il suffit de se rendre sur le site « cef » de la conférence des évêques pour remarquer combien les évêques sont désormais d’un autre style, plus conservateur, avec des variantes sans doute mais dans une même ligne intransigeant pour l’essentiel. Des évêques de la nouvelle génération comme NN SS Nicolas Brouwet (auxiliaire Nanterre), Raymond Centène (Vannes) ou très récemment Jean-Pierre Batut (auxiliaire de Lyon) ont la réputation d’être de chauds défenseurs du motu proprio. Quant au nouvel évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, il a été vicaire général de Toulon et appartient à la communauté Saint-Martin. Il porte la soutane et s’inscrit dans une ligne ultra-conservatrice très dure.
A la Curie, la toute récente nomination du cardinal Antonio Canizarès Llovera comme préfet de la congrégation pour la liturgie va dans le même sens. Âgé de 63 ans, l’actuel archevêque de Tolède, n’est certes pas un liturgiste mais un pasteur aux idées tranchées, dans le sens strictement conservateur. En Espagne, son intransigeance dans les questions doctrinales le faisait surnommer le « petit Ratzinger » et en 2005 il fut un temps cité comme possible préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. D’une certaine façon, Zapateroii en Espagne serra un temps soulagé du départ de ce cardinal qui ne rate aucune occasion pour dénoncer en termes très violents et très durs la politique de l’actuel gouvernement socialiste. Mais le répit de Zapatero pourrait être de courte durée, l’Eglise saisissant en outre le contexte de l’actuelle crise économique - qui pourrait discréditer le gouvernement socialiste - pour lancer une offensive plus forte encore. On parle justement pour la succession de Mgr Canizarès de deux prélats espagnols très radicaux dans l’intransigeance : Mgr Demetrio Fernandez, 58 ans, évêque de Tarazona (très proche de Canizarès à qui il doit sa mitre) et Mgr Vicente Juan Segura, 53 ans, évêque d’Ibiza (proche du cardinal de Valence et des milieux réactionnairss de la Curie). Mais d’autres noms restent envisageables, tous d’évêques très conservateurs et anti-Zapatero.
A Rome, manoeuvres et rumeurs quant aux futures nominations ne cessent de se multiplier depuis quelques jours. Plusieurs chefs de dicastère ont franchi la barre des 75 ans et attendent la désignation de leur remplaçant : le cardinal Renato Raffaele Martino (Justice et Paix), le cardinal Walter Kasper (unité des chrétiens), le cardinal Javier LOzano Barragan (pastorale de la santé), le cardinal Francis Stafford (pénitencerie apostolique). Mais dès le 30 janvier 2009 un cardinal qui n’est pas des moindres, l’influentissime Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation des évêques devrait lui aussi se retirer (le jour même de ses 75 ans). On sait qu’il freine actuellement la politique de nomination ultra-conservatrice de Benoît XVI lequel ne souhaiterait donc pas le prolonger encore longtemps dans sa charge.
L’année prochaine, les cardinaux Claudio Hummes (transitoire préfet brésilien du clergé, qui a irrité Benoît XVI pour son soutien pourtant prudent à l’idée d’un clergé marié) et Franc Rodé (préfet slovène des religieux dont le caractère cassant exaspère de plus en plus de monde) quitteront sans doute également leur charge. On cite également comme sur le départ le cardinal William Levada, 72 ans, préfet de la congrégation de la doctrine de la foi, à la fois pour de réelles raisons de santé et parce qu’il a déçu Benoît XVI.
A l’évidence cette prochaine vague de nominations devrait être décisive pour consolider le front ultra-conservateur de la Curie. Me départ de prélats comme Hummes, Kasper et Re, qui tentent d’infléchir dans un sens plus modéré les choix du Pape actuel, pourrait s’accompagner d’un tournant encore plus réactionnaire avec la désignation à leur place de Ratzingériens purs et durs, comme l’est d’ailleurs Canizarès. Il faut d’ailleurs savoir que l’un des noms cités pour la congrégation des évêques est l’ultraconservateur cardinal George Pell de Sidney. Plus qu’un symbole.
Les conservateurs de la curie attendent avec impatience le départ à la retraite des cardinaux de Westminster, Cormac Murphy O’Connor et de Bruxelles, Godfreed Danneels, lesquels incarnent, même si c’est de façon moins nette que Carlo Maria Martini, une ligne alternative par rapport à celle du pontificat actuel. Le cardinal anglais devrait s’en aller dans les premiers mois 2009. Il semble exclu que soit désigné pour le remplacer un « libéral » comme l’ancien maître général de dominicains, Timothy Radcliffe, 63 ans, l’évêque de Nottingham Malcolm McMahon, 59 ans, dominicain lui aussi, et qui est favorable à un clergé catholique marié, ou encore l’archevêque Michael Fitzgerald, père blanc de 71 ans, actuel Nonce en Egypte et très engagé dans le dialogue interreligieux. On cite plutôt des conservateurs modérés comme Mgr Vincent Nichols, 63 ans, archevêque de Birmingham ou Mgr Peter Smith, 65 ans, archevêque de Cardiff, mais il n’est pas exclu que Rome choisisse en définitive un outsider, peut-être même un simple prêtre en qui le Pape actuel ait véritablement confiance. On se souvient qu’en 1976 PAul VI désigna pour la charge un abbé bénédictin de 53 ans George Basil Hume, de fait une très grande figure de l’Eglise. A Bruxelles, le Vatican semble avoir renoncé à imposer l’évêquye ultra-consrvateur et caractériel de Namur, Mgr André Mutien Léonard, 68 ans, par crainte d’un tollé. Mais le Pape s’oppose toujours à la désignation d’un libéral comme Josef de Kesel, 61 ans, auxiliaire et dauphin de Danneels. L’une des possibilités serait la désignation de l’évêque de Tournai, Mgr Guy Harpigny, 60 ans, très conservateur ou celle, plus habile et consensuelle, du tout nouvel évêque d’Anvers Mgr Johan Bonny, 53 ans, conservateur « diplomate » qui éviterait le choc et la fracture. Il resterait seulement deux ou trois ans à Anvers avant de devenir primat de Belgique : ce qui fit justement il y a une trentaine d’années le jeune et prometteur Godfreed Danneels, à Anvers de 1977 à 1979 avant de remplacer le cardinal Suenens.
Plusieurs Nonces en vue espèrent une responsabilité de chef de dicastère comme les italiens Fortunato Baldelli, 73 ans (France), Pietro Sambi 70 ans (Etats Unis), Lorenzo Baldisseri 68 ans (Brésil), Adriano Bernardini, 66 ans (Argentine), Luigi Ventura, 64 ans (CAnada) et Celestino Migliore, 56 ans (ONU cité pour Justice et Paix), le suisse Jean-Claude Périsset, 69 ans, (Allemagne, cité pour l’unité des chrétiens) ou le portugais Manuel Monteiro de Castro, 70 ans (Espagne, cité pour la pénitencerie apostolique) mais ils sont trop nombreux pour devenir tous cardinaux et l’un ou l’autre passera à la trappe. A Rome on parle d’une possible promotion cardinalice de Mgr James Harvey, 59 ans, préfet de la maison pontificale et de Mgr Brian Farrell, 64 ans, évêque de Curie qui est issu des ...légionnaires du Christ !
En tout cas, le Pape ne laissera plus passer aucune nomination qui ne lui convienne pas. Il entend tout verrouiller y compris en plaçant aux postes clés des hommes qui le suivent dans son choix intransigeant. Quant à un futur plus lointain, on sait que les serviteurs de l’Eglise sont parfois versatiles !