La télévision Canal 9 a consacré hier soir un excellent reportage sur l’ancienne messe en latin qui est dite à Brigue (Valais-Suisse) par le curé avec l’autorisation de l’évêque en application du motu proprio de Benoît XVI (voir aussi mon reportage sur ce blog en date du lundi 5 janvier). Ce qui était moins bon par contre, c’est l’intervention sur le plateau de Canal 9 d’un prêtre sierrois qui n’a rien compris - et manifestement pas essayé de comprendre - aux motivations des fidèles qui suivent l’ancienne messe à Brigue. Il a résumé cela par un seul mot: nostalgie. C’est d’un simplisme assourdissant. Ne serait-ce que parce que nombre des fidèles que j’ai vus à cette ancienne messe de Brigue n’ont jamais connu l’ancienne messe. La seule chose qu’a dit le curé sur le plateau se résume à: je ne comprends pas pourquoi ces gens veulent l’ancienne messe alors que la nouvelle messe est tellement supérieure. Cela s’appelle être incapable d’écoute. En plus, c’est ne pas avoir compris le message du pape. Pour Benoît XVI, à travers le motu proprio, l’ancien et le nouveau rite doivent s’enrichir mutuellement et non s’opposer. De l’oecuménisme liturgique en somme. Les fidèles de Brigue, eux, le pratiquent puisqu’ils vont trois fois par mois à la nouvelle messe et une fois par mois à l’ancienne. Mais notre clergé, si j’en juge par ce que j’ai vu hier soir à la TV, en est loin. Comment expliquer cette attitude? Un haut prélat de l’Eglise m’expliquait récemment qu’il était effaré de voir le peu de culture liturgique des prêtres, même en Valais. Et je ne parle pas du respect des directives de Rome en matière de célébration de la messe… Il faut retrouver à l’intérieur de l’Eglise une culture de dialogue entre les différentes sensibilités. Même en matière liturgique il y a plusieurs demeures dans la maison du Père et c’est le message du motu proprio de Benoît XVI qui veut à juste titre faire cesser la querelle des anciens et des modernes pour revenir à l’essentiel dans la réforme de la réforme liturgique. Faire dialoguer les rites. Au lieu de cela, lorsque les fidèles demandent à pouvoir suivre l’ancienne messe, l’autorité ecclésiastique, au lieu de les écouter, essaie de leur faire comprendre qu’il n’y a aucune raison à vouloir autre chose que la nouvelle messe. Excusez-moi d’ailleurs d’utiliser les termes de nouvelle et d’ancienne messe par commodité car le pape veut justement sortir de cette dichotomie.
Vincent Pellegrini