SOURCE - Jean Madiran - Présent - mise en ligne par le FC - 4 novembre 2011
Les « réformes de fond » dans la liturgie « continueront », la dernière parution de La Documentation catholique nous en avertit d’une manière énigmatique par l’introduction à son dossier sur les « Questions liturgiques contemporaines ». Ces réformes de fond continueront, nous y est-il annoncé, « avec le récent Motu proprio ». Un tel « avec » doit s’entendre : « face au ». Face au Motu proprio, mais lequel au juste ? Aucun titre, aucun nom, aucune référence l’identifiant, à l’exception implicite d’aller voir plus loin : « cf. p. 895 ».
Et justement, à la page 895 de ce numéro de La Documentation catholique, c’est la grande surprise qui nous attend : la reproduction intégrale de l’article des deux « liturgistes professeurs » qui avait paru dans La Croix des 10-11 septembre. Nous avions ici, le 16, contesté d’emblée son affirmation que « tous » les « liturgistes professeurs », tous, oui, « tous » sont hostiles au Motu proprio Summorum Pontificum du 07.07.07 et à l’Instruction Universae Ecclesiae du 15 mai 2011. Mais à la réflexion il nous apparaît que la portée de ce « tous » est peut-être singulièrement réduite par l’appellation bizarre que se donnent les deux auteurs quand ils se désignent eux-mêmes comme des « liturgistes professeurs » : à ne pas confondre, donc, avec ceux qui s’identifient normalement, en français, comme « professeurs de liturgie ». Les « liturgistes professeurs », ce sont sans doute les adeptes d’un certain courant, éventuellement d’une association discrète, d’une secte, voire plutôt d’un lobby liturgique, qui se reconnaissent entre eux à cette mirobolante étiquette.
La Croix prenait clairement la responsabilité de l’article des deux liturgistes professeurs de Louvain, elle en reprenait d’ailleurs le thème essentiel, trois jours plus tard, dans son éditorial contre « les concessions unilatérales du Saint-Siège au sujet de l’usage de l’ancien rituel ». Maintenant c’est à son tour La Documentation catholique qui prend le relais, elle nous avertit que dans toute la masse de son « Dossier » sur les « Questions liturgiques contemporaines », il y a un article important, un article qu’il faut lire, il est page 895, toute la mise en scène documentaire qui l’entoure n’est que pour accompagner, pour faire passer, pour mettre en valeur cet article-là.
Le passage de La Croix à La Documentation catholique est une symptomatique promotion. Christophe Saint-Placide l’a soulignée en intitulant son commentaire d’un tel événement : « La Documentation catholique contre Benoît XVI ». Pour La Croix, on était fixé depuis longtemps sur son sectarisme militant. Pour La Documentation catholique, que Christophe Saint-Placide tient pour « très sérieuse », cela paraît un peu fort. Mais il convient de se rappeler aussi que La Documentation catholique a le même éditeur que La Croix, c’est Bayard-Presse qui, depuis 2001, diffuse à des centaines de milliers de lecteurs francophones sa propre traduction française de la Bible, justement surnommée la Bible cra-cra-badaboum, où l’on enseigne (entre autres) qu’aucune des paroles de Jésus dans les Evangiles n’est authentique. Alors…
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7468 de PRESENT du Vendredi 4 novembre 2011
Les « réformes de fond » dans la liturgie « continueront », la dernière parution de La Documentation catholique nous en avertit d’une manière énigmatique par l’introduction à son dossier sur les « Questions liturgiques contemporaines ». Ces réformes de fond continueront, nous y est-il annoncé, « avec le récent Motu proprio ». Un tel « avec » doit s’entendre : « face au ». Face au Motu proprio, mais lequel au juste ? Aucun titre, aucun nom, aucune référence l’identifiant, à l’exception implicite d’aller voir plus loin : « cf. p. 895 ».
Et justement, à la page 895 de ce numéro de La Documentation catholique, c’est la grande surprise qui nous attend : la reproduction intégrale de l’article des deux « liturgistes professeurs » qui avait paru dans La Croix des 10-11 septembre. Nous avions ici, le 16, contesté d’emblée son affirmation que « tous » les « liturgistes professeurs », tous, oui, « tous » sont hostiles au Motu proprio Summorum Pontificum du 07.07.07 et à l’Instruction Universae Ecclesiae du 15 mai 2011. Mais à la réflexion il nous apparaît que la portée de ce « tous » est peut-être singulièrement réduite par l’appellation bizarre que se donnent les deux auteurs quand ils se désignent eux-mêmes comme des « liturgistes professeurs » : à ne pas confondre, donc, avec ceux qui s’identifient normalement, en français, comme « professeurs de liturgie ». Les « liturgistes professeurs », ce sont sans doute les adeptes d’un certain courant, éventuellement d’une association discrète, d’une secte, voire plutôt d’un lobby liturgique, qui se reconnaissent entre eux à cette mirobolante étiquette.
La Croix prenait clairement la responsabilité de l’article des deux liturgistes professeurs de Louvain, elle en reprenait d’ailleurs le thème essentiel, trois jours plus tard, dans son éditorial contre « les concessions unilatérales du Saint-Siège au sujet de l’usage de l’ancien rituel ». Maintenant c’est à son tour La Documentation catholique qui prend le relais, elle nous avertit que dans toute la masse de son « Dossier » sur les « Questions liturgiques contemporaines », il y a un article important, un article qu’il faut lire, il est page 895, toute la mise en scène documentaire qui l’entoure n’est que pour accompagner, pour faire passer, pour mettre en valeur cet article-là.
Le passage de La Croix à La Documentation catholique est une symptomatique promotion. Christophe Saint-Placide l’a soulignée en intitulant son commentaire d’un tel événement : « La Documentation catholique contre Benoît XVI ». Pour La Croix, on était fixé depuis longtemps sur son sectarisme militant. Pour La Documentation catholique, que Christophe Saint-Placide tient pour « très sérieuse », cela paraît un peu fort. Mais il convient de se rappeler aussi que La Documentation catholique a le même éditeur que La Croix, c’est Bayard-Presse qui, depuis 2001, diffuse à des centaines de milliers de lecteurs francophones sa propre traduction française de la Bible, justement surnommée la Bible cra-cra-badaboum, où l’on enseigne (entre autres) qu’aucune des paroles de Jésus dans les Evangiles n’est authentique. Alors…
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7468 de PRESENT du Vendredi 4 novembre 2011