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"Deux mises en oeuvre de l'unique rite romain" |
12 juillet 2007 - Père Dominic Schubert - Paris Notre-Dame n°1197 |
PARIS NOTRE-DAME — Le latin est-il le point central qui sépare la messe de saint Pie V de la messe de Paul VI ?
P. DOMINIC SCHUBERT — Non. Dans l'ancienne forme du rite romain, le latin était la seule langue prévue. La nouveauté, concernant la forme actuelle du rite, est que la langue vernaculaire est autorisée. Mais le latin n'y est pas interdit, il n'est donc pas l'apanage de l'ancienne forme liturgique. P. N.-D. — Quelles sont alors les différences entre les deux messes ?
D. S. — S'il faut parler de différences, elles ne peuvent être que d'ordre secondaire. Par exemple, a priori, l'ancienne liturgie est célébrée vers l'orient, tournée vers le "Soleil de justice" qu'est le Christ, celui qui viendra comme il est parti. Mais dès les années vingt il y avait des exceptions à cette règle, par exemple pour des messes célébrées lors des récollections. Dans la liturgie ordinaire, les deux orientations ont toujours été autorisées. La structure de l'année liturgique a aussi changé : le lectionnaire se déroule maintenant sur un rythme de trois années, alors que dans l'ancienne forme liturgique, les lectures sont identiques d'année en année. Il n'y a pas mal d'arguments pour favoriser le nouveau lectionnaire, mais la structure plus répétitive de l'ancien n'est pas forcémment moins didactique. De plus grande importance me paraît être la question du calendrier des saints. Peut-on s'arrêter à un calendrier des saints établi une fois pour toutes ? Certainement pas ! Dans la lettre, qui accompagne le motu proprio, adressée aux évêques, le pape écrit : « D'ailleurs, les deux formes d'usage du rite romain peuvent s'enrichir réciproquement : dans l'ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. » Tout ceci pour dire qu'il ne peut y avoir de différences fondamentales entre les deux formes de célébration de l'unique rite liturgique de l'Eglise latine. Comme le dit l'article 1 du motu proprio, il s'agit de deux formes d'un même rite, et non pas de deux rites différents. C'est un seul rite avec une forme ordinaire, la messe promulguée par Paul VI, et une forme extraordinaire, la messe dite de saint Pie V : « Ces deux expressions de la même "lex orandi" (la manière de prier) de l'Eglise n'induisent donc aucune division de la "lex credendi" (la foi) de l'Eglise ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l'unique rite romain ». P. N.-D. — Comment, comme curé de paroisse, accueillez-vous cette lettre du pape?
D. S. — De toute évidence, le but du pape, dans cette lettre, n'est pas de diviser davantage, mais bien au contraire de servir l'unité et la communion de l'Eglise. Et tout ce qui sert l'unité ne peut que me réjouir. Je me souviens des paroles du cardinal Lustiger, affirmant que ceux qui désiraient la célébration eucharistique selon la forme ancienne, lui étaient confiés au même titre que tous les autres fidèles. Comme curé, je dois accueillir tous les fidèles qui me sont confiés par l'évêque, y compris ceux pour qui ce rituel est important. C'est mon devoir pastoral. Recueilli par F. de Watrigant |
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