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« L'unité vient du Christ » |
19 juillet 2007 - Paris Notre-Dame, journal du diocèse de Paris |
« L'unité vient du Christ » Après avoir été curé de Ste-Jeanne de Chantal (16e) jusqu'en 2006, le P.Jean-Pierre Batut arrive à St-Eugène-Ste-Cécile (9e).
PARIS NOTRE-DAME — Vous avez toujours enseigné parallèlement à votre ministère en paroisse. Que vous apporte l'enseignement ?
P.JEAN-PIERRE BATUT — Avant d'être prêtre, je me sentais une vocation d'enseignant. J'aime enseigner et comme Dieu a de l'humour, j'ai renoncé à l'enseignement pour le retrouver ! Mes nouveaux paroissiens auront donc un curé à temps partiel, mais j'essayerai de les faire profiter de mon ministère d'enseignement à l'Ecole Cathédrale et à la Faculté Notre-Dame. Inversement, mon ministère paroissial enrichit le professeur que je suis. Pour moi, il n'y a pas de coupure entre les deux. Il s'agit toujours de transmettre le Christ. De toute façon, tout prêtre reçoit mission d'enseigner le jour de son ordination. Il est évident que l'enseignement de la théologie oblige à continuer à travailler. C'est un moteur fantastique pour ne pas faire de sur-place intellectuel ! P. N.-D. — En plus de la messe dite de Paul VI, St-Eugène a la mission de célé¬brer la messe selon le missel de saint Pie V. Est-ce une nouveauté pour vous ? Comment envisagez-vous votre ministère de curé ?
J.-P. B. — Le motu proprio de Benoît XVI vient d'élargir considérablement la possibilité de célébrer dans ce rite : il est donc à prévoir que dans de nombreux autres lieux, partout dans le monde, on fera usage de cette possibilité. Personnellement, je n'ai pas encore l'expérience du rite tridentin (c'est le véritable nom du rite dit de saint Pie V). C'est une découverte que j'aborde avec beaucoup d'intérêt. Dans cette paroisse, il y a des fidèles des deux sensibilités, dont certains, attachés au rite tridentin, l'ont choisie comme paroisse d'élection. Ce n'est pas du tout exceptionnel, bien d'autres paroisses de Paris sont des paroisses d'élection. Quand j'étais curé de Ste-Jeanne de Chantai, beaucoup venaient de Boulogne, donc d'un autre diocèse ! Je les considérais tout autant comme mes paroissiens que ceux qui habitaient géographiquement dans la paroisse. S'il y a plusieurs raisons de fréquenter St-Eugène, il n'y a qu'une seule paroisse. Pour moi, il est clair qu'il n'y a pas plusieurs catégories de paroissiens. Cependant, l'unité entre tous ne viendra pas de moi mais du Christ. C'est la foi au Christ qui rassemble ces personnes. Je suis là comme garant de cette unité au nom du Christ et de l'évêque. L'unité est donnée et, en même temps, elle n'est pas automatique. Elle suppose de vouloir vivre dans la charité, c'est-à-dire : ne pas prendre la paroisse pour un self-service, considérer que toute personne qui s'y trouve est mon frère ou ma sœur dans la communauté chrétienne, se savoir appelé ensemble à la même mission de l'Eglise, ne pas seulement vivre entre soi. P. N.-D. — Qu'est pour vous une paroisse missionnaire ?
J.-P. B. — Une paroisse qui regarde autour d'elle et ne perd pas une occasion d'avoir des contacts. A Paris, nous avons la double chance d'avoir une grande densité de population et une variété extrême de provenances. Pas besoin d'aller loin pour voir du monde. St-Eugène est à cheval entre les quartiers juif et turc... Signe de Dieu à ne pas laisser de côté, me semble-t-il. J'ai l'intention d'inviter les autorités religieuses des autres religions du quartier à mon installation et de nouer des contacts avec elles. La visibilité fait partie de la mission, mais la mission ne se réduit pas à cela. Nous avons à vivre simultanément ces deux paroles : « Que votre lumière brille devant les hommes » (Mt 5, 16), qui est un appel à la visibilité, et « ne pratiquez pas votre justice devant les hommes pour vous faire remarquer » (Mt 6, 1), qui est un rappel que seul un cœur pur a du prix aux yeux de Dieu. C'est dans le secret du cœur qu'il s'agit de rapporter à Dieu tout honneur et toute gloire. Recueilli par Claire Folscheid |
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