Au delà du rétablissement de la messe       de Saint Pie V dans son bon droit, il importe d’étudier les mesures       concrètes édictées par le Motu Proprio et la justification qu’en       donne Benoît XVI dans sa lettre d’accompagnement : Les       dispositions pratiques prises par le pape doivent permettre de droit       à la liturgie traditionnelle – non seulement la messe, mais aussi les       sacrements - d’être célébrée normalement. C’est un bienfait       spirituel immense pour toute l’Eglise, pour ces prêtres et ces fidèles       jusqu’à présent paralysés par une autorité épiscopale injuste. Il       conviendra cependant d’observer, dans les mois qui viennent, comment ces       mesures seront appliquées de fait par les évêques et les curés       dans les paroisses. C’est bien pourquoi nous continuerons de prier pour       le pape afin qu’il demeure ferme après l’acte courageux qu’il vient       de poser.
La lettre d’accompagnement du Motu       Proprio donne les raisons du pape. L’affirmation de l’existence d’un       seul rite sous deux formes - ordinaire et extraordinaire -, égales en       droit, et surtout le rejet d’une célébration exclusive de la liturgie       traditionnelle, peuvent certes être interprétés comme l’expression       d’une volonté politique de ne pas heurter des Conférences épiscopales       ouvertement opposées à toute libéralisation de la messe tridentine.       Mais on peut y voir aussi une expression de la « réforme de la réforme »       souhaitée par le pape où, comme il le dit lui-même dans cette lettre,       la messe de saint Pie V et celle de Paul VI se féconderaient       mutuellement.
En tout cas, il y a chez Benoît XVI le désir       certain de réaffirmer la continuité de Vatican II et de la messe qui en       est issue, avec la Tradition bimillénaire. Cette négation d’une       rupture causée par le dernier concile - déjà manifestée dans le       discours à la curie du 22 décembre 2005 - montre combien l’enjeu du débat       entre Rome et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X est essentiellement       doctrinal. C’est pourquoi il faut que l’indéniable avancée       liturgique opérée par le Motu Proprio soit prolongée - après le       retrait du décret d’excommunication - par des discussions théologiques.
La référence à Mgr Lefebvre et à la       Fraternité Saint-Pie X contenue dans la lettre d’accompagnement, tout       comme la reconnaissance du témoignage rendu par les jeunes générations       qui reprennent le flambeau de la Tradition, indiquent nettement que notre       constance à défendre la lex orandi a été prise en compte,       c’est donc avec la même fermeté qu’il nous faut poursuivre, avec       l’aide de Dieu, le combat pour la lex credendi, le combat de la       foi.
Menzingen, le 7 juillet 2007
+ Mgr Bernard Fellay