SOURCE - Golias - 26 avril 2012
Au commencent était la peur. Elle pousse l’homme à imaginer des dieux protecteurs et rassurants. Mais aussi à se construire des prisons intérieures, hérissées de piquants, celles de dogmatismes clos et réducteurs, mais bien entendu rassurants face aux menaces extérieures et aux tentations intérieures.
Les intégrismes naissent de la peur. Celle de l’avenir et de la diversité. Comme s’il fallait se cramponner à une bouée en train de se dégonfler, alors que le Christ nous appelle à marcher sur les eaux. C’est au fond ce qui semble rapprocher Benoît XVI des intégristes. Une peur qui se lit sur les visages et qui pousse à la surenchère de l’intransigeance, aux positions défensives, et qui excite vite le prurit de l’anathème. Dès lors il s’agit de se garder des ouvertures pourtant salutaires, de fermer ses fenêtres, alors que le bon pape Jean XXIII voulut les ouvrir : c’est cela l’esprit du Concile ! Ce qui est en train de se passer à Rome est profondément affligeant. Par peur, et pour faire front commun face à une modernité redoutée, le pape accueille avec complaisances une poignée d’intégristes têtus et arrogants, tournant ainsi le dos à nombre de ses fils. D’autant que Benoît XVI traite avec défiance, ceux qui tentent d’avancer en éclaireurs d’un christianisme hors des sentiers battus.
Bien entendu, cette peur n’est pas seulement une donnée psychologique, mais relève ici d’une posture de fond, finalement métaphysique. Mauvaise conseillère, elle explique en bonne part cet accord de dupes qui en train de se dessiner entre Rome et Ecône. A manger avec le diable, la fourchette n’est jamais trop longue... Inutile de dire qu’un tel accord n’augure rien de bon, et préfigure le retour en arrière d’un catholicisime en perte de vitesse dans nos sociétés occidentales.