Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Chers pèlerins, vous êtes la
jeunesse de Dieu.
Quel que soit votre âge, votre
condition physique, votre état de fatigue aujourd’hui, vous êtes, oui, la
jeunesse de Dieu. Car c’est l’Esprit Saint lui-même qui vient en ce jour de la
Pentecôte transformer nos âmes, les renouveler, les rajeunir, en leur donnant
une vie nouvelle, la vie de la grâce, la vie de Dieu lui-même ! Vous êtes
désormais forts de la force de Dieu, vivants de la vie de Dieu, animés par le
feu que le Saint-Esprit est venu répandre, à travers vous, dans le Monde entier
!
Vous êtes la jeunesse de Dieu,
selon les paroles du Psaume que le prêtre dit chaque jour en montant à l’autel
: « je monterai à l’autel du Seigneur, vers le Dieu qui fait la joie de ma
jeunesse ». Oui, vous êtes la jeunesse de Dieu, joyeuse, car vous êtes venus
puiser à sa source sacramentelle l’eau de la vie éternelle, celle qui donne
l’éternelle jeunesse. Chers pèlerins, en ce dimanche de la Pentecôte, où nous
célébrons la naissance de l’Eglise, nous célébrons aussi notre nouvelle
naissance, conformément aux paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ : « nul,
s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu
» (Jean 3, 5). Souvenons-nous donc, en ce jour qui nous rappelle celui de notre
baptême, ce que doit être en notre âme cette vie nouvelle, quelles doivent être
les caractéristiques et les qualités de la jeunesse de Dieu : la jeunesse de
Dieu est belle, elle est véridique, elle est héroïque, et elle est courageuse.
La jeunesse de Dieu est belle,
d’abord, parce qu’elle est noble et pure.
L’eau du baptême versée sur notre
âme y a effacé la tâche originelle en nous rendant l’amitié de Dieu. La grâce a
illuminé nos intelligences, nos volontés, pour les configurer à Jésus-Christ :
il n’y a plus, dès lors, place en nous pour les compromis ou pour les
demi-mesures, et moins encore pour les capitulations et les trahisons. Etre
chrétien, c’est aimer Jésus-Christ « de tout son cœur et par-dessus toutes
choses ». Notre âme n’est belle que lorsqu’elle est illuminée par l’amour de
Dieu, car cet amour nous élève bien au-delà de notre propre nature, nous
faisant vivre de la vie même de Dieu. Etre chrétien, c’est donc haïr le péché,
haïr le mal sous toutes ses formes, sans concession, sans nous mentir à
nous-mêmes. Bien sûr, Dieu connaît nos faiblesses ; il connaît, mieux que nous,
nos incapacités, nos blessures, les difformités de nos âmes, de nos corps, et
de nos sensibilités. Mais il veut nous en sauver, nous en délivrer à tout prix
: n’a-t-il pas donné sa vie pour nous sauver de nos propres fautes ? Le sang de
Dieu fait homme ne serait-il pas assez puissant pour nous transformer et faire
de nous un peuple de saints (Deut. 7, 6) ?
Etre jeune, c’est donc lutter
sans se lasser, chaque jour avec force et courage, contre les tentations du
monde et de la chair, contre tout ce qui nous réduit à l’état de consommateur
ou d’objet de consommation, sans fondement, sans valeur : la pureté du cœur et
la pureté du corps sont les privilèges de la jeunesse chrétienne. Je m’adresse
en particulier à vous, mesdemoiselles, jeunes filles chrétiennes : soyez
belles, de la beauté de Jésus-Christ ! Mettez tout votre honneur à reproduire,
en toutes circonstances, cette grandeur et cette noblesse de la femme qui fait
la fierté du christianisme. Les ennemis de la foi, d’Orient ou d’Occident, ont
bien compris que c’est en s’attaquant à cette image de la femme qu’ils
détruiraient la civilisation chrétienne : vous êtes le dernier rempart contre
la décadence morale de notre société ! Et vous, jeunes gens, ne vous laissez
pas enchaîner par l’esclavage du péché, ne vous laissez pas tromper par la
facilité et la séduisante banalité du vice : chaque lutte est au contraire déjà
une victoire, une conquête qui édifie en nous et dans le Monde le beau visage
de Notre-Seigneur Jésus-Christ. La virilité chrétienne se construit dans la
chasteté, dans le détachement, dans l’humilité des âpres combats, dans le
regard chrétien sur les autres et sur soi-même, mais surtout dans la foi et
dans l’espérance !
La jeunesse de Dieu, ensuite, est
véridique et réaliste.
Car il est, en effet, une
compromission, bien plus grave que les défaillances de la chair : c’est le
renoncement à la pureté de notre foi, à la pérennité de l’enseignement de
l’Eglise, à la noblesse de la Vérité, aux exigences de nos intelligences. Ne
nous laissons pas séduire par les mensonges de l’esprit du monde et par les
faux idéaux de liberté qui méprisent les droits de Dieu. Les libéraux, de
droite comme de gauche, fils de la révolution, veulent nous faire croire qu’il
faudrait déformer les principes chrétiens, et jusqu’aux lois les plus
fondamentales de l’humanité, pour plaire aux hommes et pour s’en faire
accepter. La jeunesse de Dieu, parce qu’elle a le sens du réel, n’accepte pas
ces compromissions et ces trahisons : quel qu’en soit le prix, nous mettrons
notre honneur à défendre notre foi, à défendre la Loi du Bien et du Vrai. Ni
dans l’Eglise, ni dans la société, nous n’accepterons de renoncer à la Vérité
pour une prétendue victoire médiatique ou politique, pour le succès à une
élection ou même pour notre réputation : à force de compromissions, à force de
renoncements, tentés par cet esprit du Monde, les catholiques se sont vus
toujours plus discrédités, méprisés, déshonorés. Il est temps, nouvelle
jeunesse de Dieu, que nous retrouvions le sens et le devoir de Vérité. C’est la
réalité elle-même qu’il nous faut, aujourd’hui, défendre ! Nous devons être les
défenseurs des droits de la Vérité contre l’erreur ! Si nous, catholiques, nous
ne nous dressons pas contre ce qui salit, avilit et défigure la Nature que Dieu
nous a donnée, si nous ne nous dressons pas, sans hésitation, contre les crimes
de l’avortement et de l’euthanasie, si nous ne nous opposons pas, de toutes nos
forces, aux parodies et aux mensonges qui détruisent la sainteté du mariage et
de la famille, qui le fera à notre place, qui osera dire aux hommes ce qui est
vrai et ce qui est bien ? Il n’est plus temps de transiger, de négocier,
d’accepter des compromis : ce sont les fondements mêmes de l’Humanité qui sont
en jeu!
Jeunesse chrétienne, relève-toi
donc, avec les armes de la raison et de la foi, pour défendre l’honneur de Dieu
et pour mettre un frein, construire une digue, un rempart contre
l’asservissement, l’esclavage, la déroute et finalement la perte des âmes pour
l’éternité ! Car c’est bien cela qui est en jeu : non pas quelque choix
politique ou médiatique, quelque option que l’on pourrait reporter à plus tard,
mais bien le destin éternel de nos âmes, des âmes de nos frères, de nos
enfants. Alors, oui, nous resterons debout, là où les autres se sont couchés,
apeurés ou corrompus. Nous nous dresserons dans la tempête, revêtus de l’armure
de Dieu (Eph. 6, 10), fiers d’être chrétiens, pour montrer aux hommes que c’est
la Vérité – la vérité de la raison et la vérité de la foi – c’est cette vérité
qui rend libres (Jean 8, 32), et que c’est la soumission à Dieu par la Foi qui
donne à l’homme sa véritable grandeur, noblesse et dignité : comme le rappelait
Benoit XVI dans une homélie pour la fête du Saint-Sacrement, « l’homme n’est véritablement
grand que lorsqu’il se met à genoux », à genoux devant son Dieu. Et en osant
nous mettre à genoux, nous devrons faire preuve d’héroïsme.
Car, oui, chers pèlerins, la
jeunesse de Dieu est généreuse, ambitieuse et elle est héroïque !
En marchant aujourd’hui sur les
routes de France, nous prenons la suite d’une foule de saints et de héros, ceux
qui ont construit notre pays au prix de leur vie, et dont nous sentons la
présence à nos côtés, eux qui nous entrainent dans leur sillage de sainteté en
nous prêchant le renoncement, l’abnégation, le don de soi, la bravoure : nous,
jeunesse d’aujourd’hui, serions-nous donc moins généreux ? Serions-nous
condamnés à la nonchalance et à l’indifférence, comme des enfants gâtés qui
ignorent le prix de ce dont ils sont les héritiers ? Non, si nous voulons
relever le défi de nos ancêtres chrétiens, il faut, comme eux, se porter vers
la même source de leur héroïsme : leur esprit de sacrifice, en effet, ils l’ont
trouvé, tous, au même endroit : au pied de l’autel, en assistant au Grand
Sacrifice, celui de Jésus-Christ. Comme les saints qui ont forgé la France,
l’Europe et le Monde, nous aussi, venons avec confiance, avec amour, apprendre,
puiser au pied de la Croix, sur l’autel pendant la Sainte Messe, le sens du sacrifice
: c’est le saint Sacrifice de la Messe qui a forgé la Chrétienté ! Aimons pour
cela les belles liturgies de notre Eglise catholique, cette liturgie
intemporelle et sacrée, aimons-la d’un amour radical, d’un amour exclusif,
cette liturgie traditionnelle qui a forgé dans le passé et qui forge toujours
les âmes chrétiennes à l’image de Jésus-Christ. Car, oui, c’est là, à l’autel,
que Notre-Seigneur nous enseigne la voie de la Croix, la voie du sacrifice. Il
nous enseigne que c’est en donnant, en se donnant à son image, que l’on sera
victorieux, avec Lui, au jour de la Résurrection : c’est en renonçant à
soi-même, jusqu’au martyr s’il le faut, que nous serons féconds et que nous
connaitrons la véritable joie chrétienne.
L’époque actuelle, oui, appelle des
héros : c’est la sainte ambition du chrétien ! Et nous y sommes tous appelés, à
cet héroïsme ! Car les véritables héros d’aujourd’hui ne sont pas ceux des
films, des séries à la mode et de la mondanité : ce sont – osons le dire – ce
sont d’abord les mères de famille chrétiennes, de familles nombreuses, héroïnes
silencieuses du quotidien, qui se donnent sans relâche, jour et nuit, inconnues
et même méprisées par le Monde, qui se donnent à la plus belle des œuvres,
celle de former les âmes et les cœurs de leurs enfants dans le sanctuaire
familial. Femmes chrétiennes, mères chrétiennes, nous vous le disons : vous
êtes les héros modernes qui reconstruisez la Chrétienté, vous êtes les
bâtisseurs du futur, notre consolation et notre espérance ! Les véritables héros
d’aujourd’hui, se sont ensuite tous ceux qui répondent avec générosité à
l’appel de la vocation : prêtres, religieux, religieuses, qui renoncent à
eux-mêmes pour se donner à Dieu. Et je m’adresse plus particulièrement à vous,
jeunes gens, jeunes filles, qui n’avez pas encore fait le choix d’un état de
vie : prêtez l’oreille à l’appel de Dieu qui veut se réserver certaines âmes,
parce que son Eglise en a besoin. Malgré la haine, la méchanceté et les
mensonges répandus par les ennemis de la foi, entendez cet appel comme une
amitié particulière de Dieu, comme une déclaration d’amour pour vous de la part
de Dieu ! Profitez de ce pèlerinage pour examiner avec sérieux ce désir que
vous avez peut-être de servir Dieu, de servir l’Eglise, ce désir de conquérir les
âmes pour les amener à Jésus-Christ, et répondez-y avec générosité. Ce don de
soi vaut tous les renoncements, car Jésus-Christ ne déçoit jamais ceux qui se
confient à lui : il rend au centuple, dès ici-bas et dans l’éternité ! Les
héros d’aujourd’hui, enfin, ce sont aussi tous ceux qui dans leur profession,
dans leurs écoles, dans des associations ou des œuvres de bienfaisance, dans la
vie publique et la vie politique de la Cité choisissent le camp de Dieu, le
camp du bien, quel qu’en soit le prix. Ce sont ceux qui souffrent de cette
sorte de persécution « polie », « éduquée », déguisée en modernité, la
persécution « en gants blancs » comme l’appelle notre Saint-Père le pape
François, mais qui n’est autre que le martyr quotidien du chrétien, ce martyr imposé
par « l’Apostasie silencieuse » de nos sociétés modernes. Nous sommes donc
tous, chers pèlerins, appelés à cet héroïsme du quotidien, car le Bon Dieu ne
veut pas de médiocrités ni d’égoïsmes : il veut des héros, des chrétiens, des
saints !
La jeunesse de Dieu, enfin, est
courageuse, et remplie d’espérance !
C’est bien là, sans doute, le
trait le plus caractéristique de la jeunesse : se construire des rêves, et
mettre toute son ardeur à les réaliser. Le commandant Hélie Denoix de Saint
Marc, écrivait ceci à un jeune de vingt ans : « de toutes les vertus, la plus
importante … me paraît être le courage, les courages, et
surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de
jeunesse ». Chers jeunes, fixez-vous donc des rêves qui soient grandioses,
ambitieux, surnaturels, c’est à dire des rêves qui aient une valeur pour
l’éternité ! Choisissez ce qui vaut vraiment la peine de donner sa vie et de
donner sa jeunesse ! Les défis actuels, et ceux qui s’annoncent sont trop
dramatiques pour se contenter de petites ambitions. Comme le disait il y a peu
le cardinal Sarah, deux dangers immenses nous menacent comme deux « bêtes de
l’apocalypse » : l’idolâtrie de la liberté occidentale d’une part, le
fondamentalisme islamique de l’autre : laïcisme athée contre fanatisme d’une
fausse religion. Entre ces deux monstres dévastateurs, il est l’heure du
courage, des grandes ambitions ! Il n’est plus temps de nous diviser dans des guerres
fratricides, dans des querelles de clochers ou dans des combats secondaires. Il
est temps au contraire d’unir nos forces autour d’un unique étendard, celui de
Jésus-Christ, afin de ne pas assister immobiles, muets, impuissants, à la ruine
de la civilisation chrétienne. Si le « déclin du courage » en Occident
(Soljenitsyne, Discours de Harvard) est le signe de la vieillesse des sociétés
qui ont trahi leur baptême, ce ne sera pas chez nous, jeunesse de Dieu, que
manquera ce courage : au contraire, nous avons l’ardeur de la jeunesse, les
nobles dévouements de ceux qui s’élancent vers le Ciel. Le souffle du
Saint-Esprit, comme au jour de la Pentecôte, nous porte aujourd’hui bien
au-delà de Chartres : nous ne nous y arrêterons pas, mais nous continuerons notre
pèlerinage jusqu’à chacun de nos foyers, jusqu’à chacun de nos villages ou de
nos cités, pour y faire refleurir l’espérance. Nous reprendrons les instruments
de la foi, du génie et de l’art chrétiens, comme les bâtisseurs, les croisés et
les missionnaires du passé, pour y répandre le feu ardent de l’Esprit, pour
re-bâtir, pour faire re-naître la Chrétienté dans notre beau pays de France, et
bien au-delà !
Que la Très Sainte Vierge Marie,
mère de Dieu, mère de l’Eglise, reine de France, reine de nos cœurs, elle qui
nous guide depuis Paris, nous accompagne jusqu’à Chartres et nous portera bien
au-delà, que Notre-Dame de la Sainte Espérance fasse naître en nous cette
nouvelle jeunesse, qu’elle l’entretienne et la renouvelle sans cesse, cette
jeunesse éternelle, belle et pure, noble et véridique, héroïque, courageuse, et
toujours fidèle !
Au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit.