SOURCE - Paix Liturgique - Lettre n°544 - 31 mai 2016
Au cœur du catholicisme suisse, dont l’autre pôle est Fribourg, le Valais abrite depuis plus de 40 ans Écône, le séminaire international de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X. Pourtant, depuis l’installation de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre dans le diocèse, et sans doute à cause du climat de tension existant pour cette raison localement, nul évêque n’avait autorisé ou simplement toléré la célébration de la messe traditionnelle dans un cadre paroissial, hormis une timide expérience à Brigue (dans la partie alémanique du Valais) fin 2008.
Au cœur du catholicisme suisse, dont l’autre pôle est Fribourg, le Valais abrite depuis plus de 40 ans Écône, le séminaire international de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X. Pourtant, depuis l’installation de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre dans le diocèse, et sans doute à cause du climat de tension existant pour cette raison localement, nul évêque n’avait autorisé ou simplement toléré la célébration de la messe traditionnelle dans un cadre paroissial, hormis une timide expérience à Brigue (dans la partie alémanique du Valais) fin 2008.
Depuis le dimanche de la Sainte Trinité, la forme extraordinaire du rite romain, réduite jusque-là à être juridiquement « sauvage », est enfin officiellement célébrée dans le Valais francophone, plus précisément à Saint-Pierre-de-Clages, à 20 km de Martigny. La proximité d’Écône (il faut 10 minutes pour aller d’un lieu à l’autre en voiture) n’a pas empêché cette première célébration d’attirer près d’une centaine de fidèles. Pas plus que l’horaire inusuel (17h30) et le fait que, pour l’heure, cette messe n’est célébrée que sur une base mensuelle. Il faut dire que, des demandeurs au célébrant, en passant par les nouvelles autorités diocésaines, tout le monde met du sien pour que cela se passe pacifiquement et charitablement.
I – L’article du Nouvelliste du Valais
Église: le diocèse de Sion renoue avec la messe en latin
Article de Patrice Genet, 5 mai 2016
Le diocèse de Sion a décidé de réintroduire officiellement la messe en latin, en référence à la lettre apostolique de Benoît XVI de 2007. Elle sera célébrée une fois par mois à l’église de Saint-Pierre-de-Clages, nous apprend le portail catholique suisse cath.ch.
Dès le 22 mai et chaque dernier dimanche du mois, l’abbé Marek Glab, curé des paroisses de Chamoson et de Saint-Pierre-de-Clages, célébrera la messe en latin. La démarche, nous apprend le portail cath.ch, émane d’une quarantaine de fidèles des paroisses de Martigny, Leytron et Chamoson. La lecture de l’évangile et l’homélie seront en français, le reste de la messe se déroulera en latin. Un carnet rédigé en latin et en français permettra aux fidèles de suivre la célébration.
Les paroissiens à l’origine de la démarche « ne font pas partie de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (ndlr: Ecône), simplement ils voulaient retrouver ce rite », explique Marek Glab à cath.ch.
« Cette initiative n’a rien à voir avec Écône », confirme l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. L’automne dernier, en référence à la lettre apostolique de Benoît XVI de 2007, les initiateurs du projet ont fait la demande à Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse, de réintroduire la messe selon la forme extraordinaire. Ce dernier a donné son accord pour une messe mensuelle et a pris date pour faire le bilan dans une année.
II – Les réflexions de Paix liturgique
1) Chanoine du Grand-Saint-Bernard, Mgr Lovey est installé sur le siège épiscopal de Sion depuis fin 2014. Il succède à Mgr Brunner qui avait bloqué une demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum en Valais francophone, signée par 91 personnes, mais avait laissé un prêtre célébrer à Brigue en Valais alémanique. Il est remarquable que Mgr Lovey, sollicité par les demandeurs, ait accueilli favorablement leur démarche, laissant carte blanche au curé de Chamoson pour y répondre.
2) « Cette initiative n’a rien à voir avec Écône », précise le vicaire général. Compte tenu de la préparation à ce jour très avancée d’un « concordat » entre le Saint-Siège et la FSSPX pour régler sa situation canonique, la mesure prise par le diocèse de Sion ne peut pas être considérée comme une pierre jetée dans le jardin de la FSSPX. En pratique, dès lors que la FSSPX pourra exciper d’une estampille canonique, elle aura elle-même la possibilité de rendre des services dans le cadre de ces messes paroissiales, se mêlant, dans une très souhaitable conjonction de toutes les forces traditionnelles, à l’apostolat des autres instituts fidèles à la messe traditionnelle et à celui des prêtres diocésains qui désormais la célèbrent. Nous sommes, pour notre part, résolument favorables à ce brassage des divers courants traditionnels, pour le plus grand bien de tous et surtout de l’Église, en vue des défis qui sont les siens aujourd'hui.
3) « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il jugera comment harmoniser le bien de ces fidèles avec la charge pastorale ordinaire de la paroisse, sous le gouvernement de l’évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église » édicte le Motu Proprio Summorum Pontificum à son article 5, paragraphe 1. Or c’est exactement ce que fait l’abbé Glab, curé de Chamoson, qui, bien que n’ayant jusqu’ici jamais célébré la forme extraordinaire considère normal de satisfaire le désir des fidèles : « qu’elle soit en français, en anglais ou en latin, c’est la messe où Dieu se donne, il faut la célébrer avec respect », indiquait-il début mai. Et ce prêtre originaire de Pologne, où il a étudié le latin au séminaire, de préciser que « cette célébration est aussi ouverte à tous ceux qui veulent découvrir ce rite ».
4) En mars 2009, un sondage de l’institut Démoscope, auprès de catholiques de Suisse romande et alémanique, révélait que 35 % des pratiquants assisteraient au moins une fois par mois à la messe traditionnelle si celle-ci venait célébrée dans leur paroisse. Sept ans plus tard, il est probable que ce résultat se soit encore amélioré. Non seulement parce que les dispositions de Summorum Pontificum, complétées par celles de l’instruction Universæ Ecclesiæ de 2011, sont plus largement connues, mais aussi parce que la soif d’une liturgie plus digne et plus christocentrée touche de plus en plus de fidèles comme l’avait révélée une enquête sociologique conduite dans le décanat de Fribourg (diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg) que nous avons commentée dans notre lettre 437. Celle-ci indiquait que « 45,2 % des fidèles disent apprécier "beaucoup" la messe en latin (forme extraordinaire) ».
5) Une demande pacifique, un curé à l’écoute de ses fidèles et un évêque garant de la concorde et de l’unité : en somme, une mise en place du Motu Proprio réglée comme un coucou suisse. Surtout, cette nouvelle messe dans le Valais romand confirme ces vérités que nous nous efforçons d’illustrer semaine après semaine :
- Summorum Pontificum est un trésor pour toute l’Église,
- la portion du peuple de Dieu intéressée par la célébration de la messe traditionnelle est bien plus large que les seuls groupes traditionnels,
- ces Silencieux de l’Église représentent en effet au bas mot un catholique sur trois (35 % selon le sondage de 2009),
- la paroisse est le cadre naturel de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain.
6) Nos lecteurs savent bien que l’irénisme n’est pas notre tasse de thé. Toutefois, il est évident que les barrières liturgiques tombent les unes après les autres comme l'illustre parfaitement cet exemple valaisan. Souvenons-nous que, dans les années 70, la survie de la messe traditionnelle s’y jouait au prix de violents affrontements : dès 1973, Mgr Adam, évêque de Sion, retirait son appui au séminaire d’Écône. Quarante ans plus tard, l’autorisation de cette messe mensuelle montre combien les lignes ont bougé. Et continueront de bouger.
7) Cette évolution actuelle au cœur du diocèse de Sion préfigure bien ce que sera la Paix dans un avenir que nous espérons proche : répondant aux vœux liturgiques et spirituels d'une multitude de Silencieux, la messe traditionnelle sera célébrée au sein de la plupart des paroisses de l'Église universelle, engendrant une vraie réconciliation entre les fidèles et contribuant à renouer les liens de Charité les unissant à leurs pasteurs. Le tout dans l'unité avec le Siège de Pierre, permettant ainsi à d'œuvrer tous ensemble à la nouvelle évangélisation, pour la plus grande gloire de Dieu.