SOURCE - Le Courrier Picard - 29 mai 2016
Comme chaque année, des catholiques traditionalistes ont organisé ce dimanche 29 mai une procession. Mais depuis deux ans, ils évitent la place du château.
Comme chaque année, des catholiques traditionalistes ont organisé ce dimanche 29 mai une procession. Mais depuis deux ans, ils évitent la place du château.
Une croix et deux cierges précèdent le cortège, portés par des adolescents. Des enfants jettent des pétales de roses sur la chaussée, tandis que des chants religieux anciens résonnent dans les rues de Compiègne, à proximité du palais impérial.
Une soixantaine de personnes a participé hier, pour la Fête Dieu, à la procession annuelle, organisée par les catholiques traditionalistes de la Fraternité saint Pie X. « Nous sommes attachés aux anciennes coutumes, explique l’un de ses membres. Chez nous, par exemple, la messe est en latin et le prêtre est tourné vers l’autel, avec les fidèles dans son dos. » Ils seraient environ 150 à fréquenter l’église Sainte-Therèse, rue du Bataillon-de-France.
1 600 euros demandés pour un arrêt place du château
Cette procession un peu hors du temps a lieu depuis une quinzaine d’années. Jusqu’en 2014, les traditionalistes s’arrêtaient notamment place du château, où ils installaient un reposoir, le temps d’une courte cérémonie. Une pratique décriée par leurs détracteurs. Et notamment la Libre pensée de l’Oise, une association fortement attachée à la laïcité. Par le passé, des membres de cette dernière avaient été jusqu’à organiser une contre manifestation, dénonçant du prosélytisme religieux. Avec un agacement particulier pour l’arrêt sur la place du château, domaine de l’État.
En 2015 et cette année, la cérémonie n’a toutefois pas eu lieu devant le palais. « Désormais, on nous demande 1 600 euros pour pouvoir occuper l’espace public », indique un membre de la Fraternité saint Pie X. Pas question, pour eux, de verser cette somme. « Ils se fichent du monde, c’est fait exprès pour nous décourager », croit savoir un homme. « Moi, je pense que c’est pour éviter que d’autres demandent à faire pareil », répond un autre. Qui ? « Les musulmans, par exemple. »
« Si on peut y retourner un jour, tant mieux... »
Si des fidèles de l’église Sainte-Thérèse se disent déçus, ils ne sont pour autant pas très revendicatifs. « Si on peut y retourner un jour, tant mieux… Mais on n’est pas là pour embêter le monde », souligne l’un d’eux. S’installer ailleurs ? « Non, cela n’a pas été envisagé. »
De même, s’ils choisissent des rues peu fréquentées pour leur procession, « c’est pour ne pas provoquer », poursuit le catholique, conscient que les rites de la Fraternité ne sont plus en phase avec le monde moderne. « Quand j’étais petit, la Fête Dieu était célébrée dans toutes les villes, peut-être que cela reviendra un jour... »
Chaque année, la possibilité d’une contre-manifestation
La procession de la Fraternité saint Pie X était hier matin encadrée par la police municipale et la police nationale. Pour réguler la circulation, bien sûr, mais aussi dans l’éventualité où des manifestants viendraient perturber le cortège, comme cela s’est déjà produit. Parfois, c’est l’extrême gauche (la Confédération nationale du travail, notamment), qui s’était déplacée. En 2004, des coups de poing avaient été échangés. En 2014, une quinzaine d’opposants aux origines variées avait manifesté, dénonçant « des gens très durs, contre l’avortement par exemple ». D’autres fois, ce sont des membres de la Libre pensée de l’Oise, qui étaient venus protester (voir ci-dessus). Hier matin, si quelques habitants se sont montrés interloqués au passage de la procession, tout s’est déroulé dans le calme.