- La Vie- 21 janvier 2010
Quand parfois l’Église nous déconcerte, nous sommes fondés à le dire.
Soyons juste : un an après la pétition lancée par La Vie, un seul regret m’habite. Dans le corps de ce texte, rédigé à chaud et sous l’effet d’une stupéfaction bien légitime, un passage pouvait laisser imaginer que Benoît XVI était au courant des déclarations antisémites de Williamson lorsqu’il a annoncé l’amorce du processus de réhabilitation.
Du même coup, c’est vrai, nous risquions de donner bien involontairement « des armes », comme on dit, à tous les polémistes pressés de diffamer le pape. Et Dieu sait s’il y en a eu. Dans un climat hystérique, bien des médias ont tout simplement pratiqué l’injure et l’amalgame. C’est d’ailleurs pourquoi, à la demande avisée de Jean-Pierre Denis, plusieurs d’entre nous sont revenus, dès la semaine suivante, sur les raisons qui les avaient conduits à cosigner ce texte. Pour ce qui me concerne, j’avais donc écrit : « Je n’ai jamais pensé que Benoît XVI était intégriste ni même complaisant. Par ailleurs, je déteste par-dessus tout le lynchage médiatique des papes, vieille spécialité française dont Jean Paul II, souvenons-nous, a fait les frais pendant trente ans. »
À cette réserve près, je persiste et signe. Je suis rétrospectivement heureux que La Vie ait pris cette initiative. Elle a contribué à apaiser de nombreux chrétiens, déconcertés pour ne pas dire découragés par cette incroyable (première) maladresse du Vatican. Elle a aidé à faire surgir, dans les jours et les semaines qui ont suivi, un très large débat parmi les catholiques français, débat que nos confrères ont alimenté avec pertinence. C’était bien le moins. Car ce n’est pas diffamer Benoît XVI que de reconnaître que, dans cette affaire, le Vatican a bel et bien commis une énorme maladresse. On pense à l’irresponsabilité stupéfiante du cardinal Castrillón Hoyos, alors président de la commission pontificale Ecclesia Dei, qui aurait dû savoir que Richard Williamson était ce qu’il était.
Dans un livre récent (Pourquoi le pape a mauvaise presse, DDB), notre confrère Bernard Lecomte, biographe et avocat de Benoît XVI, est le premier à reconnaître qu’il y a eu faute. « La plus élémentaire prudence, écrit-il, eût été d’en informer le pape, qui pouvait encore surseoir à la décision. » Or, il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, dans un contexte de sécularisation accélérée et de désarroi catholique, chaque maladresse, chaque crispation dogmatique, chaque étourderie du Vatican contribue à accroître le découragement de nombreux chrétiens. Au total, il me semble que l’initiative de La Vie a permis de rappeler à ces derniers une évidence : en tant que telle, l’institution est soumise légitimement à la critique de ses propres fils. Et lorsque l’Église, parfois, nous déconcerte ou nous révolte, nous sommes fondés à le dire – au besoin d’une voix forte – sans cesser pour autant d’être ses enfants.
Quand parfois l’Église nous déconcerte, nous sommes fondés à le dire.
Soyons juste : un an après la pétition lancée par La Vie, un seul regret m’habite. Dans le corps de ce texte, rédigé à chaud et sous l’effet d’une stupéfaction bien légitime, un passage pouvait laisser imaginer que Benoît XVI était au courant des déclarations antisémites de Williamson lorsqu’il a annoncé l’amorce du processus de réhabilitation.
Du même coup, c’est vrai, nous risquions de donner bien involontairement « des armes », comme on dit, à tous les polémistes pressés de diffamer le pape. Et Dieu sait s’il y en a eu. Dans un climat hystérique, bien des médias ont tout simplement pratiqué l’injure et l’amalgame. C’est d’ailleurs pourquoi, à la demande avisée de Jean-Pierre Denis, plusieurs d’entre nous sont revenus, dès la semaine suivante, sur les raisons qui les avaient conduits à cosigner ce texte. Pour ce qui me concerne, j’avais donc écrit : « Je n’ai jamais pensé que Benoît XVI était intégriste ni même complaisant. Par ailleurs, je déteste par-dessus tout le lynchage médiatique des papes, vieille spécialité française dont Jean Paul II, souvenons-nous, a fait les frais pendant trente ans. »
À cette réserve près, je persiste et signe. Je suis rétrospectivement heureux que La Vie ait pris cette initiative. Elle a contribué à apaiser de nombreux chrétiens, déconcertés pour ne pas dire découragés par cette incroyable (première) maladresse du Vatican. Elle a aidé à faire surgir, dans les jours et les semaines qui ont suivi, un très large débat parmi les catholiques français, débat que nos confrères ont alimenté avec pertinence. C’était bien le moins. Car ce n’est pas diffamer Benoît XVI que de reconnaître que, dans cette affaire, le Vatican a bel et bien commis une énorme maladresse. On pense à l’irresponsabilité stupéfiante du cardinal Castrillón Hoyos, alors président de la commission pontificale Ecclesia Dei, qui aurait dû savoir que Richard Williamson était ce qu’il était.
Dans un livre récent (Pourquoi le pape a mauvaise presse, DDB), notre confrère Bernard Lecomte, biographe et avocat de Benoît XVI, est le premier à reconnaître qu’il y a eu faute. « La plus élémentaire prudence, écrit-il, eût été d’en informer le pape, qui pouvait encore surseoir à la décision. » Or, il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, dans un contexte de sécularisation accélérée et de désarroi catholique, chaque maladresse, chaque crispation dogmatique, chaque étourderie du Vatican contribue à accroître le découragement de nombreux chrétiens. Au total, il me semble que l’initiative de La Vie a permis de rappeler à ces derniers une évidence : en tant que telle, l’institution est soumise légitimement à la critique de ses propres fils. Et lorsque l’Église, parfois, nous déconcerte ou nous révolte, nous sommes fondés à le dire – au besoin d’une voix forte – sans cesser pour autant d’être ses enfants.