17 février 2009





L'Église vit loin des intégristes
17 février 2009 - letelegramme.com
Comment les prêtres catholiques vivent-ils la présence des intégristes à Lorient? Rencontre avec trois prêtres, Gwénaël Maurey, Amaury Brillet et Yves Boulo. Le pape a récemment levé l'excommunication qui frappait les évêques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, comment vivez-vous cette décision?
Nous sommes attachés au concile Vatican II (lire ci-dessous). Entant que chrétiens catholiques, nous respectons les autres églises chrétiennes non catholiques. Nous nous entendons bien avec le pasteur protestant de Lorient, par exemple. Ce n'est pas parce qu'on est catholique qu'il ne faut pas reconnaître qu'il y a des valeurs authentiques dans les autres religions chrétiennes. C'est une question de respect. Aujourd'hui, le pape met les intégristes au pied du mur: ouvous acceptez la tradition de l'Église avec tous les conciles dont Vatican II, ou vous restez en dehors de l'Église.
Et vous, êtes-vous prêt à tendre la main aux intégristes qui se réunissent dans une maison du quartier de la Ville-en-bois?
Si le concile de Vatican II a décidé de revoir la liturgie et de renoncer notamment au latin, c'est que c'était nécessaire. Ilfallait un accès plus facile à la Bible. Sachant que la Bible en latin ce n'est, de toute façon, qu'une traduction de l'hébreu. Ceci étant, s'il y a une demande de messe en latin, c'est possible. À Vannes, la messe est dite en latin une fois par semaine, àSaint-Patern. Avec les intégristes de Lorient, nous n'avons aucune relation. Ils se sont volontairement coupés de l'Église. Quand Monseigneur Lefebvre a ordonné des évêques, ces derniers ont été excommuniés. Benoît XVI, enlevant cette excommunication, ne leur a pas donné le droit d'exercer leur ministère. Ceux qui participent à des messes hors de la communauté de l'Église s'excommunient d'eux-mêmes. Ils s'entêtent sur une tradition figée, alors que notre messe s'inscrit dans la tradition vivante.
La paroisse de Kerentrech, où la messe très classique est célébrée par des moines, est-elle prête à les accueillir?
C'est aux intégristes de faire la démarche, c'est à eux de venir nous rejoindre. Chaque paroisse a un visage particulier. Mais toutes les communautés s'entendent très bien. C'est lié au quartier, à l'architecture des lieux... Kerentrech à l'allure néogothique est plus classique. Sainte-Thérèse de Keryado est plus populaire; ce n'est pas tout à fait Saint-Louis au centre-ville. Sainte-Anne d'Arvor est considérée comme plus progressiste. Chaque paroisse a son histoire. En ville, les gens ont le choix, bien que nous restions attachés à la paroisse géographique où les gens ne se choisissent pas. Ils y apprennent à se connaître et à prier ensemble.