Dans une lettre , l'évêque intégriste demande «pardon devant Dieu» pour ses déclarations, sans revenir explicitement sur ses propos négationnistes. Insuffisant, juge le Vatican. Le feuilleton Williamson continue. L'évêque lefebvriste, expulsé d'Argentine à la suite de ses propos négationnistes, vient d'écrire une lettre à la commission Ecclesia Dei, le service du Vatican chargé du dossier intégriste, pour «demander pardon devant Dieu à toutes les âmes qui se sont senties honnêtement scandalisées par ce qu'[il a] dit».
Ce qu'il a dit est internationalement connu. Le 21 janvier, jour où Benoît XVI faisait officiellement signer le décret de levée des excommunications frappant les quatre évêques ordonnés par Mgr Marcel Lefebvre en 1988 - dont Mgr Richard Williamson - une interview de ce dernier était diffusée par une télévision suédoise. Il y minimisait le nombre de victimes de la Shoah et niait que des Juifs aient été tués dans des chambres à gaz. Ce qui provoqua une polémique mondiale.
Dans le document diffusé jeudi, l'évêque britannique qui est arrivé mercredi à Londres, ne répond toujours pas sur le fond. «Non-historien» il reconnaît simplement avoir fait part d'une «opinion» qu'il s'est forgée «il y a vingt ans, sur la base de preuves alors disponibles mais rarement exprimées en public».
«Regrets sincères»
Il ne dit pas non plus avoir changé d'avis. Déjà sommé de revenir sur sa position, il a effectivement prévenu qu'il se donnait le temps de se documenter et changerait de vue s'il trouvait des éléments probants à ses yeux. «Le Saint-Père et mon supérieur (Mgr Bernard Fellay, NDLR) m'ont demandé de reconsidérer les déclarations que j'ai faites à la télévision suédoise», a-t-il écrit.
Le propos de cette lettre revient donc à «regretter» une seconde fois ses affirmations. Non en raison de leur contenu mais pour leurs «graves conséquences». Il ne se serait pas exprimé, assure-t-il «s'il avait su à l'avance le mal et la douleur qu'elles ont provoqués, surtout à l'Église» et, mention nouvelle, «aux survivants et aux familles des victimes qui ont subi les injustices du IIIe Reich».
Autre nouveauté, l'évêque dit assumer toute «la peine» provoquée par cette affaire. «Les événements des dernières semaines et le conseil des supérieurs de la Fraternité Saint Pie X m'ont convaincu d'être responsable de la douleur qui s'est ensuivie, écrit-il. Comme a affirmé le Saint-Père, tout acte de violence injuste contre un homme blesse toute l'humanité.»
Des regrets que le Vatican juge insuffisants. Le porte-parole Federico Lombardi a souligné vendredi que la lettre de Richard Williamson «ne semble pas respecter les conditions» formulées le 4 février par le Vatican, selon lequel l'évêque «devra prendre de façon absolument sans équivoque et publique ses distances avec ses positions concernant la Shoah».
En outre, ce document n'a pas été diffusé par le Vatican mais par l'agence de presse Zenit - contrôlée par le réseau laïc des Légionnaires du Christ - à qui le cardinal Castrillon Hoyos, responsable de la commission Ecclesia Dei, aurait remis la lettre. Il est vrai que le directeur de la salle de presse du Saint-Siège - le canal officiel d'information - le jésuite Federico Lombardi, avait publiquement critiqué la gestion de cette affaire par le cardinal Castrillon Hoyos. |