SOURCE - Jean-Marie Guénois - Le Figaro - 16 mars 2012
Le leader des lefebvristes a été reçu, vendredi, au Vatican pour une négociation difficile.
Le dénouement approche. Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X, lefebvriste, a reçu, vendredi au Vatican, des mains du cardinal William Levada, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi, une lettre de ce dernier dont le contenu a été soigneusement supervisé par Benoît XVI lui-même.
Selon un communiqué du Vatican, cette lettre demande au leader des disciples de Mgr Lefebvre de «bien vouloir clarifier sa position, afin de parvenir à la réduction de la fracture existante, comme l'a souhaité le pape Benoît XVI».
Questionné par un journaliste, le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, a indiqué que Mgr Fellay avait «environ un mois» pour répondre mais le communiqué ne fixe aucun ultimatum.
Interrogée hier, la Fraternité Saint Pie X n'a pas souhaité réagir à chaud. Il n'est pas certain qu'elle le fasse dans les jours qui viennent car l'enjeu est, cette fois, décisif. Mgr Bernard Fellay entend donc se donner le temps nécessaire et consulter, comme de coutume dans les milieux religieux, avant de répondre.
Soigneusement tenu secret
Contrairement au 14 septembre dernier où le Saint-Siège, par l'intermédiaire du même cardinal Levada, avait remis publiquement une proposition d'accord à Mgr Fellay pour sortir d'une crise qui dure depuis 1988, le rendez-vous d'hier avait été soigneusement tenu secret. Mais cette fois le Vatican a choisi d'en donner aussitôt l'information pour éviter le bal des rumeurs sur une affaire qui demeure délicate et dont l'aboutissement est capital aux yeux de Benoît XVI.
Les deux parties ont en effet conscience d'être engagées dans la dernière ligne droite des négociations. Elles ont été expressément voulues par le Pape dès son élection en 2005 pour conjurer un risque de schisme. Cette perspective se fonde sur un désaccord profond touchant l'ouverture au monde et aux autres religions décidée par l'Église catholique lors du concile Vatican II (1962-1965). Et le conflit s'est vraiment cristallisé quand Mgr Marcel Lefebvre - en désobéissance ouverte à Jean-Paul II - ordonna quatre évêques, le 30 juin 1988.
Comme jamais, des négociations très actives sont donc en cours. Elles ont abouti le 14 septembre dernier par la remise, à Mgr Fellay, d'un «préambule doctrinal» accompagné d'une «note préliminaire» rédigés par le Vatican, conçus comme une «base fondamentale pour parvenir à la pleine réconciliation», rappelle le communiqué d'hier.
Mais la réponse écrite de Mgr Fellay à cette proposition, parvenue à Rome en janvier 2012 et examinée par la congrégation pour la Doctrine de la foi puis «soumise au jugement du Saint-Père», n'est pas encore considérée «suffisante pour surmonter les problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture », explique le communiqué d'hier.
D'où, conclut ce texte, cette nouvelle invitation de Rome à Mgr Fellay de «bien vouloir clarifier sa position». Elle est formulée «dans le souci d'éviter une rupture ecclésiale aux conséquences douloureuses et incalculables».