SOURCE - Mgr Paulo Sérgio Machado, évêque de São Carlos (Brésil) - original en portugais - 31 Mars 2012
"Je ne réussis pas à comprendre comment, au XXIe siècle, il y a encore des personnes qui veulent le retour de la Messe en latin avec le prêtre célébrant le dos tourné au peuple, utilisant les pesants parements "romains". Nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II, et, alors que nous sentons le besoin de tenir un Concile Vatican III, nous trouvons des personnes qui veulent retourner au passé. Et ce qui préoccupe, c'est que ces personnes sont entrées à l'université, mais l'université n'est pas entrée en elles. Je pense qu'est arrivé le moment pour nos scientifiques d'inventer un dispositif pour "ouvrir les cerveaux". Ces personnes n'ont pas en effet la moindre impression de se trouver "offline", ou "hors saison". Elles veulent à tout prix revenir au passé. Elles vivent encore miracles et apparitions, dévotions et "étrangetés" déjà heureusement dépassés.
Imaginez un prêtre célébrant en latin dans une chapelle rurale.
"Dominus vobiscum". "Et cum spiritu Tuo". Notre peuple pensera simplement que ce prêtre est fou...Je me souviens quand j'étais enfant, quand la messe était en latin. Les pieuses dames n'y comprenaient rien, elles priaient le rosaire. Je n'ai rien contre le rosaire, en outre je le récite tous les jours, mais le Rosaire est prière, non célébration.
Certains défendent aussi le retour des fameuses mantilles qui couvraient les têtes des femmes. Je me demande: pourquoi pas la tête des hommes ? Il serait beau de voir les hommes avec la voilette. Il serait difficile de trouver des candidats. Sauf quelque original qui "prétend enseigner le Pater Noster au vicaire".
Mais la demande persiste, qu'y a-t-il derrière ? Une nostalgie ? Je crois que non.Il s'agit plus d'un désir morbide, une peur de la nouveauté. L'aversion au changement. C'est ce que nous pourrions appeler, pour utiliser une expression française, - un "laissez faire, laissez passer", pour voir si ça marche. Il s'agit d'une tentative pour maintenir le "status quo", même s'il ne concerne qu'une demi-douzaine de fidèles.Et les autres, qu'ils aillent au Diable.
Mais la demande persiste, qu'y a-t-il derrière ? Une nostalgie ? Je crois que non.Il s'agit plus d'un désir morbide, une peur de la nouveauté. L'aversion au changement. C'est ce que nous pourrions appeler, pour utiliser une expression française, - un "laissez faire, laissez passer", pour voir si ça marche. Il s'agit d'une tentative pour maintenir le "status quo", même s'il ne concerne qu'une demi-douzaine de fidèles.Et les autres, qu'ils aillent au Diable.
Selon ces puritains, l'enfer serait plein, quand en réalité c'est le paradis qui est rempli car Dieu veut que tous soient sauvés.Une minorité moraliste qui voit le péché partout et pour qui le Diable est plus puissant que Dieu. "Ouvrez les coeurs et non les habits" dit le prophète. Ces gens se préoccupent de laver les verres,et non les esprits et les cœurs. C'est la vieille attitude des pharisiens- qui sont encore nombreux- qui ont critiqué Jésus pour les guérisons le jour du Sabbat.
Je me souviens de l'histoire d'une personne qui, à la nouvelle que Jean avait occis Pierre, le Vendredi Saint, avait dit: "pourquoi n'as tu pas attendu le Samedi pour l'occire ?". Pour cette personne, c'était le jour qui était le plus important dans cette histoire !
Je conclus en citant deux pensées qui font réfléchir: "Le passé est une leçon à méditer, pas à reproduire" (Mário de Andrade - auteur de Macunaíma),et "Prenez à l'autel du passé le feu, non les cendres" (Jean Jaurès - socialiste français)".
+ Dom Paulo Sérgio Machado
Evêque de São Carlos