Le monde juif est outragé. Nouveauté : le monde catholique n’est pas loin de l’être, aussi. En France, tout du moins. Les insultes mémorielles proférées par un évêque intégriste et négationniste au moment même où était levée son excommunication en sont la cause. Il s’agit d’un hasard médiatique, mais il est éclairant. Benoît XVI a commis là une faute qui heurte à la fois la conscience commune et sa propre Eglise. Pour un homme réputé infaillible, la bévue est extraordinaire, d’autant que sa volonté de dialogue avec le judaïsme est indiscutable. Sa communication permanente avec l’Esprit saint a manifestement subi une panne de réseau…
L’épiscopat français le défend, mollement, en invoquant la nécessaire longanimité qu’on doit témoigner envers les brebis égarées. L’ennui, c’est que ces brebis sont le plus souvent affligées d’une toison d’un brun prononcé. Nostalgies maréchalistes, antisémitisme à peine voilé, détestation de la modernité démocratique : il ne s’agit pas d’une secte folklorique, mais bien, pour l’essentiel, d’un ramassis de tradis rassis liés à l’extrême droite. Et aucun parmi eux n’a exprimé la moindre acceptation des avancées réalisées par l’Eglise depuis Vatican II. Résultat : les meilleurs intellectuels catholiques du pays ont signé un texte de condamnation brutale de la décision vaticane et les profondeurs du peuple catholique - voir l’attitude des dirigeants de Ouest-France - sont touchées. A quelque chose malheur papal est bon. On constate que, dans leur majorité, les cathos n’aiment pas les fachos. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle. |