SOURCE - Christian Terras - 21 octobre 2009
Après les intégristes lefebvristes, les intégristes anglicans
Christian Terras
Le Vatican vient de confirmer, neuf mois après les informations données en février 2009, par Golias Hebdo, de la réintégration des intégristes anglicans dans le giron catholique.
Le vatican vient de confirmer, en effet, par la bouche du préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Levada, les informations données par Golias en février dernier, soit neuf mois après ; informations selon lesquelles nous indiquions que la réintégration des « dissidents » anglicans dans le giron catholique serait officialisée aux alentours de pâques 2009.Or, à cette époque, et nous l’annoncions aussi, le Vatican n’avait pas voulu rendre publiques les négociations en cours et pratiquement abouties (restait en effet à boucler la question du statut canonique de la structure d’accueil, question réglée aujourd’hui, voir plus loin) avec les traditionalistes anglicans. Un retard d’annonce en raison du scandale provoqué dans l’opinion publique de l’Eglise( et plus largement avec l’affaire Williamson) par le pape Benoît XVI du fait de sa décision de réintégrer par décret, le 24 janvier 2009, les intégristes catholiques de la Fraternité Saint Pie X (FSSPX). On notera enfin que cette décision d’« accueillir » les intégristes anglicans correspond à l’ ouverture prochaine, le 26 octobre 2009, des « négociations » avec les intégristes catholiques disciples de feu Mgr Lefebvre.
L’Eglise catholique va donc mettre en place une « structure canonique » pour accueillir les Anglicans déçus des évolutions récentes de leur Eglise, selon le cardinal William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le Vatican publiera « dans une ou deux semaines » une « Constitution apostolique » signée par le pape Benoît XVI pour répondre aux « nombreuses demandes effectuées auprès du Saint-Siège de groupes de religieux et de fidèles anglicans provenant de diverses parties du monde qui veulent entrer en pleine et visible communion » avec l’Eglise catholique.
Ce texte constitue un cadre fixant les principes de cet accueil.
Les anciens anglicans, qui deviendront des « catholiques », a précisé Mgr Levada, seront regroupés dans des « diocèses spécifiques » (ordinariat personnel du pape), sur le modèle des diocèses aux armées, « institués après consultation des conférences épiscopales locales », a-t-il dit.
La plupart des « dissidents anglicans » sont membres de la Traditional anglican communion (TAC), née en 1991 en réaction à la multiplication d’ordinations de femmes prêtres. Ils s’opposent aux évolutions de leur Eglise, dénonçant notamment l’ordination sacerdotale et la consécration de femmes ainsi que les bénédictions de mariages homosexuels.
Golias reproduit l’article publié au mois de février dernier sur l’accord scellé entre les traditionalistes anglicans et le Vatican.
La miséricorde du pape est sans limites !
La grande « miséricorde » du pape Benoît XVI n’a pas de limites. Dans un premier temps, il s’est rapproché de l’Eglise orthodoxe de Moscou en vue d’une lutte commune contre la sécularisation et le « relativisme » du monde moderne .Bien joué ! Il trouve aujourd’hui un solide allié en la personne du nouveau patriarche de Russie, Kirill, considéré comme autant « ratzingérien » que le souverain pontife actuel...
Ensuite , le 21 janvier dernier, il lève l’excommunication des évêques lebfebvristes de la Fraternité Saint Pie X( FSSPX ), sans que pour autant ces derniers adhèrent au concile Vatican II et pis encore , sur fond de négationnisme de la Shoah défendu par l’un d’entre eux, le triste sire, Mgr Williamson.
Maintenant , c’ est au tour des traditionalistes anglicans appartenant à la « Traditional Anglican Communion » ( TAC). Le décret de cette imminente réconciliation entre la TAC et l’Eglise de Rome est d’ailleurs prêt et n’attend que le bon vouloir du pape pour être officialisé. Il est vrai que la tempête qu’il a déclenchée en levant l’excommunication des évêques de la Fraternité Saint Pie X l’amène à temporiser quelque peu son jeu des alliances sur le front oecuménique de l’intransigeantisme chrétien. Mais la décision est arrêtée. Un simple problème d’agenda pour officialiser ces grandes retrouvailles d’avec une petite partie de l’Eglise anglicane. Rappelons que l’Eglise anglicane s’est séparée de Rome au XVI ème siècle pour des raisons politiques et non théologiques.
Les Anglicans de la TAC sont beaucoup plus nombreux que les Lefebvristes, puisqu’on estime à environ 500 000 le nombre de leurs fidèles (un peu moins de 150 000 pour ceux de la FSSPX).Des fidèles dispersés dans une quinzaine d’Eglises-sœurs ( 16 exactement) situées au Canada, aux Etats-Unis, en Afrique, en Australie et en Europe. Ces Eglises ont provoqué un schisme avec la Communion anglicane dirigée par l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams.
A l’origine de cette séparation, on trouve la violente polémique des conservateurs contre l’ordination des femmes et des homosexuels, sans compter la guerre ouverte des mêmes conservateurs contre les innovations liturgiques introduites au sein de la Communion anglicane.
Des positions largement partagées par la hiérarchie catholique romaine et qui ont abouti au fait que, déjà en 2007, l’évêque australien et leader de la Traditionnal Anglican Communion, John Hepworth, demandait la réadmission de son Eglise, la TAC, « dans la pleine communion ecclésiale et sacramentelle » avec le Siège de Pierre à Rome.
Dans cette perspective, et à la demande de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi , seulement un an et demi après l’intervention de Mgr John Hepworth, les traditionalistes anglicans ont d’ores et déjà signé un document pour adhérer au Catéchisme de l’Eglise Catholique qui est mis en pratique actuellement dans le plus important sanctuaire marial anglais « Notre Dame de la Saint Maison » à Walsingham.
Dans un premier temps, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi était prête à accueillir les instances des traditionalistes anglicans dans le cadre d’une Prélature personnelle, statut juridique institué par le pape Jean Paul II et dont seule en bénéficie jusqu’à aujourd’hui la très conservatrice Opus Dei( 100 000 membres).Cependant, le dicastère romain s’orienterait en définitive vers la solution d’ un diocèse non territorial, dirigé par un évêque, en l’occurrence le patron des Anglicans traditionalistes, Mgr John Hepworth ; lequel dépendrait directement et exclusivement du pape . Ce montage juridico-canonique est aussi à l’étude en ce moment pour la Fraternité Saint Pie X et ses évêques.
A propos des Anglicans séparatistes de leur Communion d’ origine, le Vatican , avec l’ accord de Benoît XVI, concéderait aux traditionalistes de la TAC le droit de célébrer selon la liturgie anglicane qui comporte de nombreux rites similaires à la messe tridentine telle qu’elle a été promulguée par le Motu Proprio Summorum Pontificum de juillet 2007.
Dans cette optique d’intégrer les traditionalistes anglicans, le clergé, notamment, pourra resté marié, comme cela est déjà le cas dans de nombreuses Eglises orientales en communion avec Rome. Quant aux évêques, ils devront faire voeu de chasteté à l’instar de ce qui prévaut aussi dans la tradition orthodoxe en la matière.
L’admission dans l’Eglise catholique des fidèles et des prêtres de la Traditional Anglican Communion est prévue pour la fête de Pâques de cette année 2009 , en conclusion de l’Année consacrée à l’Apôtre Paul. La « pleine communion » de la TAC avec Rome coïncidera avec la béatification controversée de John Henry Newman, Anglican converti au catholicisme à l’âge de 44 ans , crée cardinal moins de deux ans après et mort en 1890.La figure de Newman est encore à l’heure actuelle au centre d’un débat conflictuel entre l’Eglise catholique et les mouvements homosexuels qui ont toujours revendiqué son homosexualité dont témoigne, selon eux, son amitié affichée avec le père Ambrose St. John au point d’avoir désiré être enterré à ses côtés.