SOURCE - Théodule - Le Forum Catholique - 18 octobre 2009
Un nouvel intervenant ? « Théodule », comme les comités du même nom. Peu importe le contenant quand on a l’ivresse du contenu. Quelque trace, quelque vérité en passant, sans trop d’illusion sur leur retentissement; du moins auront-elles été évoquées.
On s’agite, on s’agite. Claire Thomas suscite l’ire. Je gage qu’elle adore cela. Sa livraison antérieure, 12 octobre dans Monde et Vie, est de loin la plus marquante. Elle vaut le détour; je cite:
Au surplus, Dame Claire y va d’un petit couplet dialectique pour introduire son propos, imaginant l’effet qu’il produira éventuellement sur les traditionalistes. Il s’agit bien de cela ! Ne doit-on pas plutôt dans ce cas se demander à qui Dame Claire entend complaire? A Rome? Est-elle bien sûre de traduire la pensée du pape. A sa place je n’en jurerais pas.
On voit l’argument: en mettant sur le même plan les deux formes du rite romain, l’extraordinaire et l’ordinaire, de deux choses l’une : soit la restauration de l’Ancien rite en sa légitimité rejaillira sur le Nouveau (bien en mal de légitimité jusqu’ici) – c’est le point de vue du droit -, soit le Nouveau, fort de sa situation (situation de fait) en fera reluire la force sur l’Ancien jusqu’à assurer sa « reconnaissance » - c’est le point de vue politique -, celui de Claire Thomas à n’en point douter.
Fausse perspective dans l’un et l’autre cas, renversement de la lunette grossissante et curieuse façon par ailleurs de faire jouer, dans un cas comme dans l’autre, une loi de rétroactivité inconnue du droit canon comme aussi, c’est plus ennuyeux, des règles les plus élémentaires de la vérité.
Ce n’était pas l’objet du document, cela n’apparaît nulle part de façon explicite. La loi de l’Eglise et son interprétation n’est pas affaire de boule de cristal, pas plus qu’elle n’est objet de commentaires malins : «Je vais vous dire, moi!»
En la circonstance et à propos d’un document de survie, document tout pratique, ne doit-on pas prendre en compte ce que le pape peut faire et dire face à l’insoluble d’une situation qui voit se hérisser facilement le poil des loups ? Au reste, la force de la loi n’est-elle pas plutôt celle qui restaure ce qui est dû ? Là, elle joue par un automatisme sûr et non rétroactif. Est-ce que la force de la loi, en revanche, instaurerait l’indu au passage et comme en se jouant : donner, par exemple, au N.O.M. le statut juridique qu’il n’a pas, voire appuyer sur lui le statut du rite ancien ? Là, rien ne joue. Le Pape lui-même ne peut contrevenir au mode de fonctionnement de l’Eglise, sauf à produire le document qui dira où est le droit (le vrai) de l’un et l’autre rite. Il lui faudra, en tout état de cause, réformer la réforme s’il doit lui donner force de loi. Ou la laisser survivre et mourir enfin, en évitant le pire ici ou là.
Plutôt que de scandaliser, le fait que ce rite ne jouisse pas jusqu’ici du droit qu’il revendique devrait au contraire rassurer sur l’intention souveraine de l’Eglise.
Quoiqu’il en soit, on n’en est pas là pour le moment, mais à la survie de l’intouchable. C’est ce qu’a fait le pape ce jour là, au terme du droit, et rien d’autre.
Puis-je émettre une hypothèse ? Sans complaire.
C’est l’inverse qui est vrai. Le rappel de la légitimité du rite grégorien ôte tout crédit à la « légitimité légale » du N.O.M, selon le néologisme de Mgr. Lefèbvre, si d’aventure un doute subsistait encore à ce sujet. Faute d’un statut irrévocable, ce rite – licite, c’est tout ce qu’on en peut dire au double titre légal et doctrinal – n’a tiré historiquement sa « légitimité » que de la suppression du rite ancien, seul légitime, auquel il entendait se substituer sans qu’aucune loi autre que le caprice du prince ne soit venue appuyer cette prétention (cf. le coup de force de 1970 et le discours de Paul VI aux cardinaux de 1976). Le nouveau de la situation, c’est que le rite grégorien, une fois rendu à sa légitimité, jette une lumière crue sur le véritable statut du N.O.M. Il revivifie de façon inattendue le doute raisonnable qui portait sur la « légalité » dont se prévaut faussement ce rite dit « réformé ». Réformé en rien, mais nouveau : Novus.
Je parle du doute qu’on peut légitimement avoir quant-à la « légitimité légale » de ce dernier, et non, bien sûr, de sa validité ni de la licéité (rite permis) qu’il revêt pour ceux qui, les malheureux, crurent devoir, croient toujours devoir ou doivent encore en user.
Merci de votre attention, chers liseurs.
Un nouvel intervenant ? « Théodule », comme les comités du même nom. Peu importe le contenant quand on a l’ivresse du contenu. Quelque trace, quelque vérité en passant, sans trop d’illusion sur leur retentissement; du moins auront-elles été évoquées.
On s’agite, on s’agite. Claire Thomas suscite l’ire. Je gage qu’elle adore cela. Sa livraison antérieure, 12 octobre dans Monde et Vie, est de loin la plus marquante. Elle vaut le détour; je cite:
«Et la loi, c’est celle que Benoît XVI a édictée dans le Motu Proprio du 7 juillet 2007. Elle embarrasse certains traditionalistes parce qu’elle constitue une reconnaissance de la légitimité du rite rénové. Mais elle prévoit que le rite traditionnel doit jouir d’une égale dignité – et donc des mêmes droits – que le rite nouveau.»Interprétation qui ne laisse pas de surprendre. Relève-t-elle d’une lecture obvie ? Traduit-elle la pensée du législateur ? Surement pas. Pourquoi ? Parce que les deux formes du même rite ont chacune une histoire et que ce n’est la même ni pour l’une ni pour l’autre. Le législateur suprême ne fait pas ce qu’il veut, ainsi que l’a rappelé opportunément le Cardinal Ratzinger dans son introduction au livre de Dom Alcuin.
Au surplus, Dame Claire y va d’un petit couplet dialectique pour introduire son propos, imaginant l’effet qu’il produira éventuellement sur les traditionalistes. Il s’agit bien de cela ! Ne doit-on pas plutôt dans ce cas se demander à qui Dame Claire entend complaire? A Rome? Est-elle bien sûre de traduire la pensée du pape. A sa place je n’en jurerais pas.
On voit l’argument: en mettant sur le même plan les deux formes du rite romain, l’extraordinaire et l’ordinaire, de deux choses l’une : soit la restauration de l’Ancien rite en sa légitimité rejaillira sur le Nouveau (bien en mal de légitimité jusqu’ici) – c’est le point de vue du droit -, soit le Nouveau, fort de sa situation (situation de fait) en fera reluire la force sur l’Ancien jusqu’à assurer sa « reconnaissance » - c’est le point de vue politique -, celui de Claire Thomas à n’en point douter.
Fausse perspective dans l’un et l’autre cas, renversement de la lunette grossissante et curieuse façon par ailleurs de faire jouer, dans un cas comme dans l’autre, une loi de rétroactivité inconnue du droit canon comme aussi, c’est plus ennuyeux, des règles les plus élémentaires de la vérité.
Ce n’était pas l’objet du document, cela n’apparaît nulle part de façon explicite. La loi de l’Eglise et son interprétation n’est pas affaire de boule de cristal, pas plus qu’elle n’est objet de commentaires malins : «Je vais vous dire, moi!»
En la circonstance et à propos d’un document de survie, document tout pratique, ne doit-on pas prendre en compte ce que le pape peut faire et dire face à l’insoluble d’une situation qui voit se hérisser facilement le poil des loups ? Au reste, la force de la loi n’est-elle pas plutôt celle qui restaure ce qui est dû ? Là, elle joue par un automatisme sûr et non rétroactif. Est-ce que la force de la loi, en revanche, instaurerait l’indu au passage et comme en se jouant : donner, par exemple, au N.O.M. le statut juridique qu’il n’a pas, voire appuyer sur lui le statut du rite ancien ? Là, rien ne joue. Le Pape lui-même ne peut contrevenir au mode de fonctionnement de l’Eglise, sauf à produire le document qui dira où est le droit (le vrai) de l’un et l’autre rite. Il lui faudra, en tout état de cause, réformer la réforme s’il doit lui donner force de loi. Ou la laisser survivre et mourir enfin, en évitant le pire ici ou là.
Plutôt que de scandaliser, le fait que ce rite ne jouisse pas jusqu’ici du droit qu’il revendique devrait au contraire rassurer sur l’intention souveraine de l’Eglise.
Quoiqu’il en soit, on n’en est pas là pour le moment, mais à la survie de l’intouchable. C’est ce qu’a fait le pape ce jour là, au terme du droit, et rien d’autre.
Puis-je émettre une hypothèse ? Sans complaire.
C’est l’inverse qui est vrai. Le rappel de la légitimité du rite grégorien ôte tout crédit à la « légitimité légale » du N.O.M, selon le néologisme de Mgr. Lefèbvre, si d’aventure un doute subsistait encore à ce sujet. Faute d’un statut irrévocable, ce rite – licite, c’est tout ce qu’on en peut dire au double titre légal et doctrinal – n’a tiré historiquement sa « légitimité » que de la suppression du rite ancien, seul légitime, auquel il entendait se substituer sans qu’aucune loi autre que le caprice du prince ne soit venue appuyer cette prétention (cf. le coup de force de 1970 et le discours de Paul VI aux cardinaux de 1976). Le nouveau de la situation, c’est que le rite grégorien, une fois rendu à sa légitimité, jette une lumière crue sur le véritable statut du N.O.M. Il revivifie de façon inattendue le doute raisonnable qui portait sur la « légalité » dont se prévaut faussement ce rite dit « réformé ». Réformé en rien, mais nouveau : Novus.
Je parle du doute qu’on peut légitimement avoir quant-à la « légitimité légale » de ce dernier, et non, bien sûr, de sa validité ni de la licéité (rite permis) qu’il revêt pour ceux qui, les malheureux, crurent devoir, croient toujours devoir ou doivent encore en user.
Merci de votre attention, chers liseurs.