Le 26 septembre dernier, Mgr Rey a ordonné, en la cathédrale de Toulon, deux prêtres (et un sous-diacre) dans la forme extraordinaire du rite romain : Eloi Gillet, membre des Missionnaires de la Miséricorde Divine, et Marc de Saint-Sernin, ordonné pour le diocèse.
C’est bien là ce qui constitue la nouveauté, du moins depuis la réforme liturgique, de l’acte posé fin septembre par l’évêque de Toulon : ordonner, selon les livres traditionnels, un prêtre diocésain, un prêtre de son diocèse, dans la libre et pleine acceptation du Motu proprio Summorum Pontificum.Il ne faudrait pas croire, pour autant, que Mgr Rey entendait conserver ces deux nouveaux prêtres comme des espèces de reliques d’un temps aimable mais révolu. Evoquant, au cours de son sermon, la figure du Curé d’Ars, donné en modèle aux prêtres du monde entier dans le cadre de l’Année sacerdotale, il les invita bien plutôt, loin des discours lénifiants et infantilisants du jour, à un combat spirituel, à une sainteté de combat : «Sa sainteté ne fut pas la recherche d’un accomplissement de soi qu’il se serait donné, mais un vide que Dieu a rempli de sa plénitude.»Ce combat passe principalement par le respect des engagements sacerdotaux : «engagement au célibat, obéissance à son évêque, volonté de se sanctifier en sanctifiant sans relâche le peuple qui lui est confié, par l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements, le gouvernement d’une communauté dont il doit être le bon pasteur, donnant sa vie pour celles et ceux que le Christ lui a confiés». Une vie qui doit se préserver tout à la fois du matérialisme, du sensualisme, de l’individualisme et du relativisme…Et, pour cela, être tout à la fois un être de prière et un missionnaire, afin de «donner Jésus, signifier sa miséricorde, se rendre accessible à tous†».Et Mgr†Rey de conclure, avec tendresse et fermeté : «Cher Eloi et cher Marc, c’est bien le “oui” à Dieu du Curé d’Ars que vous allez prononcer. En ce jour de grâce, que la sainteté du Curé d’Ars vous touche de plein fouet, dans toute sa pureté et dans toute son intensité. Configurés au Christ Bon Pasteur, tête de son Corps qu’est l’Eglise, puissiez-vous comme lui, et à partir de ce jour, être tout donnés à Dieu pour être tout à vos frères jusqu’au terme de votre vie !» Ce n’est pas là qu’un discours, car l’évêque de Toulon prêche d’exemple. Tout au long de cette journée, au séminaire de La Castille – qui compte tout de même quelque soixante séminaristes –, on aura pu le voir disponible, répondant aux uns et aux autres, et jusqu’aux plus petits qui venaient jouer dans ses jambes. Et lorsqu’on lui demande quelle part une cérémonie traditionnelle telle que celle qu’il vient de célébrer a dans son diocèse, il répond, à l’instar du droit de cité affirmé par le cardinal Castrillon Hoyos à Sainte-Marie Majeure en 2004 : «On ne peut pas faire fi de cette tradition, on doit l’intégrer, lui donner sa place.» Et précisant, dans le sens de l’herméneutique de la continuité développée par Benoît XVI, qu’il ne voit aucune difficulté à «assumer à la fois la célébration de [cette] liturgie», et à se «reconnaître tout à fait héritier de la tradition de l’Eglise et du concile Vatican II».Son diocèse illustre ce propos : la tradition s’y développe en harmonie, en symphonie, selon l’expression de Mgr Rey, avec la vie de l’ensemble de la communauté catholique. Et de nombreux représentants des communautés traditionnelles étaient présents à cette cérémonie : Fraternité Saint-Pierre, Institut du Bon Pasteur, Barroux, Institut du Christ Roi…
Olivier Figueras