SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 2 juin 2012
Dieu est l’Etre infini, la Vérité infinie, la Bonté infinie, il est infiniment juste et infiniment miséricordieux. Ainsi nous l’enseigne son Église, et l’idée est grandiose et belle, aussi n’ai-je rien à objecter. Mais ensuite j’apprends que son Église enseigne aussi que même pour un seul péché mortel l’âme peut être damnée pour toute une éternité à des souffrances terribles et cruelles au-delà de toute imagination, et cela n’est plus si sympa. Je commence à ruer dans les brancards.
Par exemple, je n’ai jamais été consulté, ni pour la décision de mes parents de me donner l’existence, ni sur les termes du contrat, pour ainsi dire, de cette existence. Si j’avais été consulté, j’aurais bien pu m’élever contre une alternative si extrême entre un bonheur inimaginable et un inimaginable tourment tels que l’Église nous les enseigne, tous les deux sans fin. Un « contrat » plus modéré j’aurais pu éventuellement accepter, où en échange d’un Ciel raccourci je n’aurais risqué qu’un Enfer abrégé, mais on ne m’a pas consulté. Et alors la durée infinie de chacun d’eux me paraît hors de toute proportion avec la brièveté de ma vie ici-bas : 10, 20, 50 même 90 ans sont ici aujourd’hui, disparus demain. Toute chair est comme l’herbe – « Au matin l’homme fleurit, au soir il tombera, séchera et se fanera » (Ps. XXX, 6). Et si je suis cette ligne de pensée, Dieu peut me sembler si injuste que je me demande pour de vrai si réellement il existe.
Le problème nous oblige à réfléchir. Supposons que Dieu existe : qu’il est aussi juste que l’Église nous le dit ; qu’il est injuste d’imposer à quiconque un fardeau lourd auquel il n’ait pas consenti ; que cette vie est brève, une simple bouffée de fumée lorsqu’on la compare avec ce que doit être l’éternité ; qu’en justice personne ne peut mériter un terrible châtiment tant qu’il n’a pas été conscient de commettre un crime terrible. Dès lors, comment ce Dieu supposé peut-il être juste ? S’il est juste, toute âme ayant atteint l’âge de raison doit en bonne logique vivre au moins assez longtemps pour connaître le choix pour l’éternité qu’elle est en train de faire, et l’importance de ce choix. Toutefois comment cela est-il possible par exemple dans le monde d’aujourd’hui, où Dieu est si universellement négligé et méconnu dans la vie des individus, des familles et des États ?
La seule réponse possible, c’est que Dieu les devance tous à intérieur de l’âme, où il « parle » bien avant toute parole des êtres humains et indépendamment d’eux tous, en sorte que même une âme dont la formation religieuse a été nulle et sans valeur est tout de même consciente que chaque jour de sa vie elle est en train de faire un choix qui dépend d’elle seule, et qui a des conséquences énormes. Mais encore une fois, comment cela est-il possible dans un monde aussi impie que celui qui nous entoure aujourd’hui ?
Parce que la « parole » de Dieu à l’intérieur des âmes est beaucoup plus profonde, plus constante, plus présente et plus pressante que ne peuvent être les paroles de n’importe quel être humain. Lui seul a créé notre âme, et continuera de la créer tant qu’elle existe, c’est-à-dire sans fin. Il est donc à tout et à chaque moment plus proche d’elle que même ses parents, qui n’ont fait que composer son corps d’éléments matériels – soutenus dans l’existence par Dieu seul.
Et de la même façon c’est la bonté de Dieu qui est derrière et dans et sous toutes les choses bonnes dont l’âme jouira dans cette vie, et au fond d’elle-même l’âme sait bien que celles-ci ne sont que des dérivatifs de la Bonté divine – « Tais-toi, » disait St Ignace de Loyola à une toute petite fleur – « Je sais de qui tu me parles. » Le sourire d’un petit enfant ; la splendeur quotidienne de la Nature tout au long du jour ; les nuages, chaque firmament, un chef d’œuvre; la musique, et combien d’autres choses – même aimées d’un amour profond, ces créatures parlent à l’âme pour lui dire qu’il y a quelque chose de beaucoup plus – ou Quelqu’un.
« En vous, O Dieu, j’ai espéré, ne permettez pas que je sois à jamais confondu » (Ps.XXX, 2).
Kyrie eleison.
Dieu est l’Etre infini, la Vérité infinie, la Bonté infinie, il est infiniment juste et infiniment miséricordieux. Ainsi nous l’enseigne son Église, et l’idée est grandiose et belle, aussi n’ai-je rien à objecter. Mais ensuite j’apprends que son Église enseigne aussi que même pour un seul péché mortel l’âme peut être damnée pour toute une éternité à des souffrances terribles et cruelles au-delà de toute imagination, et cela n’est plus si sympa. Je commence à ruer dans les brancards.
Par exemple, je n’ai jamais été consulté, ni pour la décision de mes parents de me donner l’existence, ni sur les termes du contrat, pour ainsi dire, de cette existence. Si j’avais été consulté, j’aurais bien pu m’élever contre une alternative si extrême entre un bonheur inimaginable et un inimaginable tourment tels que l’Église nous les enseigne, tous les deux sans fin. Un « contrat » plus modéré j’aurais pu éventuellement accepter, où en échange d’un Ciel raccourci je n’aurais risqué qu’un Enfer abrégé, mais on ne m’a pas consulté. Et alors la durée infinie de chacun d’eux me paraît hors de toute proportion avec la brièveté de ma vie ici-bas : 10, 20, 50 même 90 ans sont ici aujourd’hui, disparus demain. Toute chair est comme l’herbe – « Au matin l’homme fleurit, au soir il tombera, séchera et se fanera » (Ps. XXX, 6). Et si je suis cette ligne de pensée, Dieu peut me sembler si injuste que je me demande pour de vrai si réellement il existe.
Le problème nous oblige à réfléchir. Supposons que Dieu existe : qu’il est aussi juste que l’Église nous le dit ; qu’il est injuste d’imposer à quiconque un fardeau lourd auquel il n’ait pas consenti ; que cette vie est brève, une simple bouffée de fumée lorsqu’on la compare avec ce que doit être l’éternité ; qu’en justice personne ne peut mériter un terrible châtiment tant qu’il n’a pas été conscient de commettre un crime terrible. Dès lors, comment ce Dieu supposé peut-il être juste ? S’il est juste, toute âme ayant atteint l’âge de raison doit en bonne logique vivre au moins assez longtemps pour connaître le choix pour l’éternité qu’elle est en train de faire, et l’importance de ce choix. Toutefois comment cela est-il possible par exemple dans le monde d’aujourd’hui, où Dieu est si universellement négligé et méconnu dans la vie des individus, des familles et des États ?
La seule réponse possible, c’est que Dieu les devance tous à intérieur de l’âme, où il « parle » bien avant toute parole des êtres humains et indépendamment d’eux tous, en sorte que même une âme dont la formation religieuse a été nulle et sans valeur est tout de même consciente que chaque jour de sa vie elle est en train de faire un choix qui dépend d’elle seule, et qui a des conséquences énormes. Mais encore une fois, comment cela est-il possible dans un monde aussi impie que celui qui nous entoure aujourd’hui ?
Parce que la « parole » de Dieu à l’intérieur des âmes est beaucoup plus profonde, plus constante, plus présente et plus pressante que ne peuvent être les paroles de n’importe quel être humain. Lui seul a créé notre âme, et continuera de la créer tant qu’elle existe, c’est-à-dire sans fin. Il est donc à tout et à chaque moment plus proche d’elle que même ses parents, qui n’ont fait que composer son corps d’éléments matériels – soutenus dans l’existence par Dieu seul.
Et de la même façon c’est la bonté de Dieu qui est derrière et dans et sous toutes les choses bonnes dont l’âme jouira dans cette vie, et au fond d’elle-même l’âme sait bien que celles-ci ne sont que des dérivatifs de la Bonté divine – « Tais-toi, » disait St Ignace de Loyola à une toute petite fleur – « Je sais de qui tu me parles. » Le sourire d’un petit enfant ; la splendeur quotidienne de la Nature tout au long du jour ; les nuages, chaque firmament, un chef d’œuvre; la musique, et combien d’autres choses – même aimées d’un amour profond, ces créatures parlent à l’âme pour lui dire qu’il y a quelque chose de beaucoup plus – ou Quelqu’un.
« En vous, O Dieu, j’ai espéré, ne permettez pas que je sois à jamais confondu » (Ps.XXX, 2).
Kyrie eleison.