11 juin 2012

[Sophie Carbonnel - Ouest-France] L'appel des Tradis

SOURCE - Sophie Carbonnel - Ouest-France - 11 juin 2012

Un groupe de fidèles cognaçais demande la reprise des messes dites en latin
La pilule a du mal à passer. Pour Antoine Pierron, médecin à Cognac, traditionnaliste, tête de file local des « Tradis du pape », il est temps de jeter sa demande sur la place publique. Son souhait : un retour à la messe célébrée en latin, selon le Motu Proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI. En effet, ce décret validé en juillet 2007, autorise une célébration du rite en latin « à tout groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure », selon le rite avant Vatican II.
 
Pour répondre au Motu Proprio, une messe mensuelle avait été mise en place par le diocèse à Genac en juillet 2008, messe célébrée par le père René Valtaud, 87 ans. Un an plus tard, l'homme d'Église « était rappelé à Dieu ». La messe en latin prit fin dans le diocèse en même temps que le dernier souffle du curé de Genac. « Depuis, les catholiques cognaçais désireux de bénéficier de cette liturgie n'ont plus d'autres solutions que de se rendre dans un diocèse voisin, à Saintes », se désole Antoine Pierron.
 
Et d'ajouter : « Le diocèse d'Angoulême est l'un des très rares diocèses de France privés de la messe en latin. Seuls quatre des 93 de France sont dans ce cas. » 
Un mur de silence
Trois ans après la dernière messe célébrée dans son intégralité en latin à l'église de Genac, Antoine Pierron, soutenu par « environ 36 familles de fidèles de Cognac », s'il a su faire preuve de persévérance, exprime aujourd'hui son impatience. « Nous sommes des Tradis du pape, pas des fanatiques. Il y a beaucoup de personnes dans le diocèse qui veulent bénéficier d'une messe en latin. Les Cognaçais ont pris l'initiative de parler au nom de tous. »
 
Le médecin, preuves en main, assure s'être heurté à un mur bien froid, baladé entre le curé de la paroisse de Cognac et l'évêque du diocèse, Monseigneur Dagens. Un évêque étrangement silencieux qui n'aurait « jamais pris la peine de répondre à nos courriers », assure le médecin.
Le français, langue nationale
Aujourd'hui, les « Tradis du pape » écrivent une nouvelle missive à l'évêque, en débutant l'écrit par : « Monseigneur Dagens, à défaut d'ouvrir votre cœur, ouvrez vos oreilles. » Le temps de la liturgie est passé. Le père Baudoin de Beauvais, curé de la paroisse de Cognac ne veut pas se risquer à prendre une décision. « Ils doivent s'adresser à l'évêque. »
 
L'homme d'Église garde une certaine réserve quant à la possibilité de réinstaurer une messe en latin sur le secteur de Cognac. « Il faut d'abord savoir exactement combien de personnes en expriment le souhait. » Et de réfléchir à des moyens logistiques rigoureux. « Nous sommes seulement deux à assurer toutes les messes du Cognaçais. Il n'est pas question pour le moment de rajouter une messe », affirme le père Baudoin de Beauvais.
 
L'argument principal du prêtre réside dans un constat : « Le latin était la langue la plus parlée dans le monde romain. Aujourd'hui, on parle français. Je suis à peu près sûr que si on parlait en latin à ces gens-là, ils ne comprendrait rien. »
 
Les « Tradis du Pape » qui refuseraient donc de vivre avec leur temps, ont tout de même ouvert un site Internet sur lequel ils peuvent librement s'exprimer… en français (1).
 
(1) www.motuproprio16.org Monseigneur Dagens n'a pu être contacté hier.